Plaisance et Plaisanciers

Location 2005 sur la Mayenne de Daon à Laval


Daon

En ce début juin, nous voici tous réunis pour une nouvelle croisière, de nouveau avec un Tarpon 42. Quand je dis tous, il s’agit de mes parents, mon oncle et ma tante, ma sœur et un cousin ainsi que mon épouse et moi-même. Au total, nous sommes huit. Le bateau étant pourvu de quatre cabines, il n’y a pas de problème.
Nous partons de Daon, après un accueil chaleureux de la part de la base (comme toujours avec les Canalous), en direction de Laval. Cette croisière de quatre jours nous ramènera ensuite à notre point de départ, Daon.




Le ciel est gris pour partir, mais il ne pleut pas et la température est douce. Nous nous arrêterons à Château-Gontier pour notre première nuit.






Château-Gontier

Cité du Haut-Anjou, Château-Gontier est traversée par la Mayenne. Le Comte d'Anjou, Foulques Nerra (972-1040) voulut y implanter solidement son pouvoir. Il donna vers 995 le domaine de Bazouges aux Bénédictins de Saint-Aubin d'Angers.
Ils avaient à peine commencé la construction du prieuré Saint-Jean-Baptiste, sur une colline dominant la Mayenne, que Foulques Nerra décida d'y adjoindre, vers 1007, un château pour se protéger des Bretons. Gontier en reçut la garde.
Les Anglais démantelèrent le château en 1368.


En 1628, Richelieu rentrant victorieux de la Rochelle, traverse Château-Gontier et donne l'ordre de raser le château dont il ne reste que quelques pans de murs.
Très convoitée, Château-Gontier subit la guerre de Cent Ans, les guerres de religion, la Chouannerie.
La ville a su cependant développer ses marchés, ses foires, le tissage de toiles de lin réputées, la batellerie, la vie religieuse et intellectuelle. François 1er, Henri IV et Louis XIII la favorisèrent.



Laval

Le lendemain, la météo est nettement plus favorable avec du soleil. Les paysages sont magnifiques sur cette superbe rivière. Les besoins des plaisanciers sont pris en compte.

Il existe de nombreuses possibilités d’arrêt et dans les écluses, il n’est pas besoin de sortir nos amarres. Il suffit de prendre en main les cordages disponibles le long des bajoyers. Comme le bateau fait 4,2m de large et les écluses 5m, la manœuvre est aisée d’autant plus que ces amarres sont sèches. Pour notre seconde nuit, nous nous arrêtons à Laval où nous restons la journée entière.
Si les bords de la Mayenne font l'objet d'un peuplement diffus dès la protohistoire, c'est le rôle de marche économique, militaire et religieuse de la vallée qui oriente le devenir urbain de Laval. Alliés successivement aux familles nobles de Normandie, de Bretagne et d'Anjou, les seigneurs de Laval contrôlent, dès le XIème siècle, les hauteurs de la rive droite et la traversée à gué de la Mayenne.


Autour d'une motte, puis d'un grand donjon, s'ordonne un bourg prospère cerné de murailles qui, par son nom même, traduit l'emprise des seigneurs sur le site (Vallis Guidonis, puis Laval).
Un pont de pierre est bâti au XIIIème siècle pour franchir la Mayenne. Il restera, jusqu'à la Révolution, la voie de passage obligée entre Rennes et le Mans. Au sortir de la Guerre de Cent Ans, la terre de Laval est érigée en comté.
Ses seigneurs (maîtres de Laval et de Vitré) font de la rivière un vecteur de renouveau économique. Sur ses berges, on développe le blanchiment des toiles de lin exportées jusqu'à Paris puis, plus tard, jusqu'aux colonies d'Amérique. Le XVIIIème siècle marque l'apogée économique d'une ville toute entière tournée vers le textile et dirigée de fait par une oligarchie de marchands vivant dans de somptueux hôtels particuliers.


Mais l'apparition des cotonnades au XIXème siècle qui supplantent rapidement la toile de lin entraîne une réduction du rôle jusqu'alors prépondérant de la rivière. La ville n'échappe au déclin démographique qui se précise dès la fin du Second Empire dans tout le département que, grâce à l'activité déployée par les premiers préfets et par les édiles urbains.



L’abbaye du Port-du-Salut

Sur le chemin du retour, une halte pleine de tranquillité, l’abbaye du Port-du-Salut. Si aujourd'hui celle-ci respire la tranquillité, il n'en a pas été toujours ainsi. Depuis très longtemps le gué fut très fréquenté. C'était aussi un lieu sacré comme en témoignent les ruines d'un dolmen au-dessus du monastère.
A l'époque gauloise c'était un nœud routier très important, protégé naturellement sur ses flancs par deux rivières. Plusieurs ruines gallo-romaines puis mérovingiennes : remparts, thermes témoignent du rôle stratégique de cette place servant de frontière entre la Bretagne et le domaine des Francs. La vie monastique a existé à Entrammes dès le IX° siècle dans deux monastères d'hommes et de femmes.


C'est à partir d'une recette yougoslave que les moines trappistes vont apprendre à fabriquer le célèbre fromage de Port Salut. Mais il ne prend le nom de l'abbaye qu'à partir de 1938. Elaboré dans les caves de la Trappe depuis le XVIIème siècle, il portait le nom d'Entrammes, petite ville située non loin de l'abbaye, à une dizaine de kilomètres de Laval.


Au XIXème siècle, les moines partagèrent leur recette avec la Trappe d'Oka au Québec qui deviendra le célèbre fromage d'Oka.
Les trappistes de Port Salut vendent leur recette à une entreprise laitière au lendemain de la seconde guerre mondiale.
Le fromage gagne en notoriété, mais perd un peu de son identité en passant d'une fabrication artisanale à une échelle industrielle, toutefois et heureusement, il conserve toutes ses qualités gustatives.



Notre bateau, un Tarpon 42 (« devise Gabrielle »), bien équipé avec un propulseur d’étrave, obligatoire à la vue de sa longueur, n’a posé aucun problème, technique ou autre, pendant ces quelques jours.
La navigation sur la Mayenne est bien pensée pour les plaisanciers, ne serait-ce que par la présence des cordages dans les écluses.



Les Canalous
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