Le voyage du Carpe Diem de Strasbourg à Paris en 2002
06 et 07 avril :
nous prenons la route de nuit vers Strasbourg, mon épouse et moi, pour
aller préparer le Carpe Diem pour sa croisière vers Paris. La voiture
est pleine à ras bord et encore, nous ne sommes pas encore passés
au super marché.
Par précaution, nous avons réservé une
chambre d’hôtel à côté de Strasbourg. Il nous
tarde de retrouver notre bateau.
A notre arrivée, une mauvaise surprise nous attend. Le bateau a bien été mis à l’eau, mais les travaux de mise en conformité ne sont pas terminés. Un peu inquiet car je pars dans deux semaines, nous commençons l’emménagement et le nettoyage. Toute la journée y passe. C’est fou ce que l’on peut embarquer et les couettes prennent une place énorme. En fin de journée, la voiture étant enfin vidée, nous allons faire les courses pour remplir les placards.
Je remplis le coffre de la voiture avec des packs d’eau, des conserves,
etc., le tout pour deux semaines, puis direction l’hôtel. Nous reviendrons
au port demain matin pour terminer.
Le lendemain de bonne heure, nous retournons au bateau. Il nous faut finir pour
midi car nous devons reprendre la route pour Paris. Avant de partir, je m’assure
que les derniers travaux seront terminés pour mon départ prévu
le 22 avril. La société Koejac, avec qui j’ai acheté le
bateau en Hollande au mois d’octobre précédent, me rassure
et je peux reprendre la route tranquilisé.
21 avril :
nous prenons la route pour Strasbourg en début d’après-midi
avec mon oncle et ma tante qui m’accompagnent pour ce voyage de retour
d’environ 2 semaines. Mon cousin Laurent nous sert de chauffeur.
A notre arrivée en fin de journée, une autre mauvaise surprise
nous attend. Il n’y a pas d’eau sous pression et la cale est remplie
avec environ 200 litres d’eau.
Après recherche, je m’aperçois que les purgeurs ne sont pas
fermés. Quelqu’un n’a pas fait son travail correctement. Enfin
après avoir vidangé, nettoyé, refait le plein d’eau,
et dîné, nous passons notre première nuit à bord au
port avant le grand départ.
22 avril :
c’est le grand jour et pour notre départ il fait beau.
Après un petit déjeuner copieux, je mets le moteur en marche pour
traverser le bassin de la Citadelle et aller faire le plein de gazole. Le temps
de régler les derniers détails (techniques et financiers), nous
larguons enfin les amarres vers 10h30.
En route pour Paris par le canal de la Marne au Rhin. Ce premier jour se passe
sans incident, si ce ne sont les nombreuses pannes des écluses, dont la
première juste après notre départ. Chaque incident nous
prend environ trente minutes. Nous passons notre première nuit de navigation à Dettwiller
dans les Vosges, avant Saverne.
23 avril :
il fait toujours beau, et nous atteignons le plan incliné de
Saint Louis-Arzwiller en fin de journée. Cet ascenseur à bateaux,
haut de 44 m, est impressionnant. Nous passons sans attente avec un autre plaisancier
et traversons deux tunnels consécutivement. Nous atteignons Niderviller
en fin de journée pour notre seconde nuit à bord en navigation.
Dans toute la traversée des Vosges, nous avons croisé une multitude
de bateaux, pour beaucoup de location. Cette activité semble être
très dynamique sur cette portion du canal. Un bateau sous pavillon Suisse
nous a accompagnés de Strasbourg jusqu’à Saverne.
24 avril :
le temps est toujours avec nous. Je ne profite pas vraiment du paysage
ni des villages rencontrés au fil de l’eau car nous naviguons le
plus longtemps possible. Je ne sais pas exactement combien de temps durera ce
voyage, mais dans trois semaines, je reprends le travail et je veux absolument être à Paris.
Ce n’est pas simple car nous sommes en 2002 et les nouveaux horaires des écluses
viennent de rentrer en vigueur.
Le voyant de pression d’huile se met à clignoter. Je me déroute
sur le canal de la Sarre au niveau de Gondrexange pour régler ce problème.
Ce n’est rien, juste un mauvais contact détecté et arrangé en
moins de 5 minutes. J’en profite pour remettre du gasoil et ainsi estimer
ma consommation, car Paris est encore loin.
Nous reprenons notre route vers l’écluse de Réchicourt-le-Château,
avec une chute comprise entre 15,45 m et 16,10 m selon le niveau d’eau dans le
canal. C’est la plus haute du réseau Freycinet. Nous sommes avalants
et c’est plus simple car elle est équipée de bollards flottants.
25 avril :
la navigation est tranquille, nous naviguons à 8 km/heure,
si ce n’est le nombre d’écluses en panne. La VHF est bien
utile pour contacter VNF à chaque fois et nous faire dépanner.
Nous ne voyons plus de bateaux de plaisance, mais de très rares commerces.
Nous passons la nuit devant l’écluse de Fontenoy.
26 et 27 avril :
le temps devient gris et il fait plus frais. Nous voulons arriver en fin de soirée
du 26 à l’entrée du tunnel de Mauvages. Il n’y a que
deux passages par jour et il ne faut pas arriver en retard car le Toueur ne nous
attendra pas. Il se met à tomber une petite pluie fine.
Le lendemain matin, le ciel s’éclaircit et nous attendons notre Toueur qui doit nous faire passer. Une péniche sort lentement du tunnel, cela va être notre tour. Après discussion, le responsable décide de ne pas m’attacher. Il me demande de lui laisser vingt minutes d’avance et d’y aller lentement au moteur. Cette solution me satisfait car étant tout seul, accroché derrière le toueur, j’aurais probablement zigzagué dans tous les sens. La traversée se déroule sans problème pendant les 4875 m de l’ouvrage.
A la sortie, un peu de soleil pour continuer notre route jusqu’à Naise-aux-Forges.
Je fais une fausse manœuvre avec la perche dans l’écluse et
la mets en arrêt d’urgence. Les écluses n’étaient
pas en panne aujourd’hui, cela devait me manquer. J’explique à l’agent
VNF, venu nous dépanner, que j’ai besoin de trouver du pain.
Et là, la chose qu’il faut absolument signaler, c’est que
cet agent au demeurant extrêmement sympathique, a repris sa voiture et
est revenu une demie heure plus tard avec du pain. De plus il a fallu insister
pour le payer. Encore un grand merci à Vous Monsieur dont j’ignore le nom.
Nous nous arrêtons de naviguer vers 16h00, les nouveaux horaires.
28 et 29 avril :
le temps est pluvieux maintenant et la température très
fraîche. Nous essayons de naviguer le plus longtemps possible en fonction
des horaires des écluses. Mon cousin Denis embarque à la halte
nautique de Fain-les-Sources, après Bar-le-Duc ou nous nous arrêtons
pour la nuit (eau et électricité gratuite).
Laurent, qui était notre chauffeur pour rejoindre Strasbourg est venu
nous rejoindre avec son frère Denis. Il passe la nuit à bord avant
de retourner en région parisienne. Denis est notre nouveau matelot. Le
soir du 29, nous atteignons le port de plaisance de Vitry-le-François.
Le port est fermé, nous sommes en Avril, mais nous pouvons prendre de
l’eau et nous raccorder à l’électricité. Parfait,
il n’y a rien çà dire.
Seul un Narrowboat est amarré. Le coin semble un peu sinistre, pas une
seule âme qui vive. Nous en profitons pour aller faire les courses, n’étant
pas loin du centre-ville.
30 avril et 1er mai :
le temps pluvieux persiste et nous atteignons Châlons-en-Champagne
vers 18h00. Nous nous arrêtons là car demain, 1er Mai, est une journée
fériée. Toutes les écluses seront fermées. Nous en
profiterons pour visiter la ville que je ne connais pas en espérant avoir
une météo plus agréable. Je ferai aussi un brin de toilette
au Carpe Diem, qui en a bien besoin.
02 mai :
le ciel est gris, mais il ne pleut pas. Nous devons patienter deux heures devant
l’écluse car le canal est fermé à la navigation en
aval. Des ouvriers auraient déchargé des pierres, volontairement
ou par accident, et il faut vider le bief pour les récupérer. Enfin
la navigation reprend vers 10h00.
A Epernay mon oncle nous quitte et prend le train pour aller retrouver son jardin.
Nous continuerons sans lui jusqu’à la halte de Rueil ou il nous
rejoindra pour la dernière étape. C’est la fin du canal,
nous entrons sur la Marne.
Le soir nous nous arrêtons à Dormans. La bouteille de gaz est vide
et la bouteille d’avance que je croyais pleine l’est aussi. Heureusement
ici il y a tout ce que nous voulons. Nous accostons pour la nuit en rive droite
en face du camping, fermé en ce début du mois de Mai.
03 et 04 mai :
nous quittons Dormans de bon matin pour rejoindre l’écluse de Courtaron
où nous passerons la nuit après un arrêt pour déjeuner à Château-Thierry.
A partir de maintenant, je connais le parcours jusqu’à Meaux pour
y avoir fait une location avec Marne Loisirs.
Le lendemain 4 mai, nous atteignons le port de Plaisance de Lagny-sur-Marne. J’ai téléphoné et on accepte de nous accueillir pour la nuit. L’arrivée n’est pas simple car la seule place disponible se trouve être la cale de mise à l’eau. La cale est perpendiculaire à la rive gauche, pas large, et il y a beaucoup de courant. Je dois m’y reprendre à trois fois pour réussir à y faire entrer le bateau. Enfin on y est et nous avons l’eau, l’électricité et les douches.
Je navigue sous pavillon Hollandais depuis Strasbourg, puisque l’immatriculation du bateau ne m’a pas encore été transmise par les affaires maritimes. En nous voyant arriver, la responsable du port a trouvé que pour un Hollandais, je parlais très bien le français.
05 mai :
nous partons sous un ciel gris en direction de la capitale. En début
d’après-midi, nous traversons Paris. Il se met à pleuvoir
et notre plaisir est un peu gâché. Traverser Paris, un dimanche
après-midi, avec tous les bateaux qui sont sur l’eau et qui naviguent à pleine
vitesse, n’est pas simple. Cela demande beaucoup d’attention car la Seine est démontée,
comme si nous étions en mer.
Heureusement, cela se calme à l’approche de Boulogne. Nous nous arrêtons
donc comme prévu, à la halte de Rueil, face à la maison
Fournaise, pour notre dernière nuit à bord.
L’écurie est toute proche maintenant. Mon oncle nous y rejoindra dans la soirée
et Denis, notre matelot débarquera, ses vacances étant finies.
Il travaille le lendemain.
06 mai :
ce matin, le ciel est dégagé et il ne fait pas
froid. Nous passons les deux dernières écluses, Bougival et Andrésy,
sans problème. Nous profitons de ce temps clément pour admirer le paysage.
Nous entrons dans la nouvelle Marina Port-Saint-Louis vers midi,
terme de notre voyage. Juste après avoir fait nos bagages, nous quittons
presque à regret, le Carpe Diem. Je reviendrais plus tard pour faire le
nettoyage et traiter la partie administrative avec la Capitainerie du port. La
Nouvelle Marina Port Saint-Louis devient le port d’attache du Carpe Diem.
Il nous a fallu treize jours et demi de navigation, 195 écluses, 6 tunnels
(plus de 9 km sous terre), 106 heures moteur et 352 litres de gasoil pour aller
de Strasbourg à Carrières-sous-Poissy, soit une moyenne de 3,3
litres à l’heure.
Sur ce parcours, la VHF nous a été d’un
grand secours, que ce soit, pour rester en contact avec VNF quand les écluses étaient
en panne, ou pour communiquer avec les écluses de Marne et de Seine.
Le plan incliné d’Arzwiller