Aller et retour Le Havre pour l’échange du moteur tribord du Harriet en juillet/août 2023
Préambule :
L’année dernière, j’ai découvert un petit peu
d’eau, environ un verre, sous le moteur tribord en arrivant à St.
Vaast. Malgré mes recherches je n’ai pas trouvé l’origine
de cette fuite. De nouveau à Courseulles-sur-Mer, même découverte
et toujours pas l’origine identifiée. Le matin du départ
pour Dives, je démarre les deux moteurs en légère accélération
pour les faire chauffer. Environ 10 minutes plus tard, après avoir enlevé les
amarres avant et arrière, je mets les moteurs au point mort. Surprise,
le moteur tribord cale et impossible de le redémarrer. Je pars malgré tout
en pensant régler le problème à Dives.
A mon arrivée, je m’enquiers d’un mécano, qui me dit passer dans la journée.
Je l’attends encore. Après discussion avec un plaisancier local,
j’ai de nouveau un numéro à appeler. Ce contact me donne
un autre numéro, car il n’a pas de disponibilité pour venir
me rencontrer. Je m’empresse d’appeler immédiatement et après
discussion, le problème semble être identifié. Le refroidisseur
d’air du turbo doit être percé et laisser fuir de l’eau.
Il m’indique qu’il y a un petit trou au-dessous pour évacuer
la condensation. Celui-ci est malheureusement obstrué par du sel cristallisé.
Mais il ne peut intervenir étant en congés en Corse. Ok, On verra à mon
retour à Carrières avec Diesel Marine. A ce moment, je n’ai
pas encore conscience de la grande gravité du problème. Mon mécanicien ne m’explique pas les risques encourus pour le moteur
avec l’eau de mer.
Arrivé à mon port d’attache, je contacte Diesel Marine (du
groupe Demolin Normandie), pour amener le bateau et traiter le problème.
Le responsable mécanique qui connait Harriet, est over booké par
le remplacement de deux moteurs sur un commerce et il a déjà un
mois de retard. A force d’insister, j’arrive à avoir un rendez-vous
mi-novembre. Là le verdict tombe : moteur bloqué. On traitera le
problème mi-mars 2023. Ok, c’est lui le spécialiste.
Donc, mi-mars 2023, je sollicite un rendez-vous pour, enfin, traiter le problème.
A mon passage au chantier, j’apprends que le responsable a vendu ses parts
et qu’ils sont en attente d’un nouveau mécanicien. Ce n’est
que fin avril, que la mauvaise nouvelle tombe, moteur complètement bloqué.
L’eau de mer aspirée a fait des ravages. Tout doit être démonté,
le moteur sorti du bateau pour l’intervention. Après discussions
avec un responsable du Havre de Diesel Marine, la meilleure solution est de changer
le moteur, et de faire l’intervention au Havre pour limiter les coûts
qui de toute façon, vont être exorbitants.
En recherchant sur Internet, coup de chance, je tombe enfin sur une annonce (trouvé sur « Leboncoin »)
pour le site « Casse Marine », un moteur tournant identique au mien
(TAMD 41A) plus récent, qui accuse seulement 1000 heures pour un montant
de 5000€.
Une petite vidéo (de 43 secondes) accompagne cette annonce, montrant le
démarrage du moteur, puis que celui-ci tourne correctement.
Après discussions, vérification avec
Diesel Marine sur la validité de cette annonce, et enfin négociation
(livraison gratuite au Havre depuis Carry-le-Rouet, dans les Bouches-du-Rhône)
je prends la décision d’intervenir. Mais ai-je le choix ?
J’achète le moteur immédiatement ayant peur qu’il ne soit plus disponible
si je tergiverse trop longtemps. J’accepte le devis de Diesel Marine, le
planning aussi (deuxième quinzaine de Juillet), j’organise la sortie
d’eau avec le port du Havre et le stockage sur ber pour environ deux semaines,
dans la zone technique de l’Escault.
Je démonte la rampe de descente dans le carré du Harriet pour laisser
suffisamment de place pour échanger le moteur avec une structure portique.
C’est limite, mais cela va passer. En enfin je me prépare pour descendre
au Havre, en espérant que la météo sera clémente à mon
arrivée en baie de Seine.
Mardi 18 juillet :
Arrivé à la Marina de Carrières-sous-Poissy à 6h30,
je prépare mon départ pour Venables, plus particulièrement
le plan d’eau Les Grèves du Lac. Trente minutes plus tard, sur un
moteur, je suis en Seine à la vitesse de 10 km/h. Il n’y a pratiquement
pas de courant. Il ne fait pas froid, le soleil alterne avec les nuages, ce qui
donne par moment un ciel voilé. L’écluse de Méricourt
est prête à mon arrivée ce qui fait que 15 minutes plus tard
j’en suis sorti tout en douceur. Les bollards flottants sont parfaits pour
l’amarrage.
Je déjeune rapidement en navigation d’une salade au thon suivi d’un
café, face à la Roche Guyon. En arrivant à Vernon, le courant
augmente légèrement. L’Amalyra, un bateau de Croisières sous pavillon Suisse (Compagnie maritime américaine AmaWaterways),
quitte sont amarrage sous le pont et se met en travers de la Seine, devant Harriet,
sans tenir compte des bateaux qui naviguent à proximité. Aucun
appel sur la VHF pour signaler la manœuvre alors que je suis visible sur
son radar (« un bel enfoiré »). Il fait de plus en plus chaud,
31°C sous la toile. Le ventilateur tourne pratiquement en permanence.
A 15h00, l’écluse de la Notre-Dame-de-la-Garenne est prête
elle-aussi, à mon arrivée. J’en sort 15 minutes plus tard
après une bassinée toute en douceur. Vers 16h00, je reçois
la confirmation du port de Venables que j’avais prévenu par téléphone
de mon arrivée en fin de journée. A 17h30, j’entre sur le
plan d’eau et suis amarré quinze minutes plus tard. Arrêt
du moteur et fin de navigation. J’ai croisé beaucoup
de bateaux de commerce aujourd’hui.
Mercredi 19 juillet :
Je me lève à 5h15 ce matin car je veux être à Rouen
le plus tôt possible pour bénéficier des courants favorables
après l’écluse de Poses-Amfreville.
A 6h15, je quitte mon amarrage sous un ciel gris et une température de seulement 16,5°C.
Il n’y a pas de vent. En sortant du plan d’eau, un lever de soleil
superbe, dans mon dos, attire mon regard. A environ 1,5 kilomètre de l’écluse,
je suis trématé par « Fortuna », un commerce avalant.
Je baisse ma vitesse en m’attendant à faire des ronds dans l’eau
devant l’écluse. Après mon appel VHF, on me confirme que
je vais passer avec Fortuna.
Ouf pas d’attente, en espérant qu’il
sera réglo et ne fera pas fonctionner ses moteurs devant mon étrave
pour rester en ligne dans l’écluse, comme il ne s’amarre pas.
La bassinée se passe tout en douceur. En sortant de l’écluse,
je constate que le barrage ne laisse pratiquement pas passer d’eau. Vers
9h30, quelques gouttes de pluie viennent fouetter mon visage. Cette petite pluie
s’accompagne d’un vent assez fort qui m’arrive de face. A 9h45,
je croise le « Bosphore » qui navigue à pleine vitesse et
soulève une vague proche de 80 centimètres. On se croirait en mer.
Le courant de marée n’est pas très fort, seulement 2,5 km/heure.
En passant à Oissel, je constate une nouvelle fois que le ponton est désespérément
vide de toute embarcation. A 12h15 j’entre dans le bassin Saint-Gervais
et me dirige vers le ponton des carburants (suite à mon appel, je suis
autorisé) où je vais passer la nuit avant mon départ pour
le Havre. J’en profite pour mettre 100 litres de gazole dans mes réservoirs,
par sécurité (à 1,85 € le litre). Dans l’après-midi,
je fais quelques courses à l’Intermarché pour avoir quelques
fruits.
Jeudi 20 juillet :
Le ciel est gris quand je démarre le moteur bâbord, le seul qui
fonctionne. Il y a un peu de brume et il fait 16,5°C. Je sors du bassin vers
6h15 derrière la vedette « Le Papi » qui se rend à Ouistreham.
Il y a une toute petite houle sur la Seine. A la Bouille, je suis trématé par
un bateau de Plaisance qui navigue rapidement. Je suis à environ 300 mètres
depuis près d’une heure, d’un bateau de commerce, « L’Amazone ».
Celui-ci réduisant sa vitesse, j’en profite pour le trémater à mon
tour, ma vitesse approchant les 15 km/heure grâce au courant portant.
Il y a toujours beaucoup de détritus sur la Seine, en particulier du bois
flottant. En arrivant au pont de Brotonne, je suis accueilli par un petit rayon
de soleil. Un bateau de Croisières est amarré en rive droite à Caudebec.
L’inversion du courant intervient vers 12 heures et ma vitesse chute brutalement à 6
km/heure. Plusieurs cargos me croisent, eux, poussés par le courant. Enfin,
vers 15h30, le courant s’inverse de nouveau à l’approche du
pont de Tancarville. Le vent se lève avec la marée descendante.
Je trémate un voilier hollandais, démâté, et passe
devant Honfleur vers 17h00. La houle semble plus forte que les prévisions
données sur METEO CONSULT. Celle-ci m’arrive par ¾ avant.
A 18h40, je suis amarré au ponton visiteurs dans le port du Havre et je
coupe mon moteur. Des plaisanciers présents sont venus me porter assistance
car le vent qui avait forci était contraire au ponton. Demain sera une
grosse journée car je dois vider tout l’espace du carré pour
les travaux sur le moteur tribord.
Vendredi 21 juillet :
Ce matin, après la douche et le petit-déjeuner pris à 5h30,
je commence à vider et à transporter dans ma cabine tout ce qui
est dans le carré. Tous les coussins sont mis sur ma couchette, et les
bacs qui étaient à l’intérieur des coffres sont déposés à côté.
La table est mise à l’avant ainsi que le meuble qui sert d’assise
au poste de pilotage intérieur. Je dois être dans le sas Quinette à 8h45
pour la sortie d’eau prévue à 10h30. A 8h25, je quitte le
ponton et pars à petite vitesse vers l’écluse après
m’être annoncé par VHF.
Il n’est pas évident,
quand tu ne l’as jamais fait de trouver l’entrée du sas. Mais
heureusement je suis amarré aux pendilles, à l’heure dans
le sas.
Le sassement débute dix minutes plus tard. A 9h15, la porte s’ouvre
puis le pont pivote pour me libérer. A 9h25, je suis amarré au
ponton devant le travel lift (capacité 30 tonnes). A peine amarré,
le responsable arrive et m’indique que je peux entrer pour faire la sortie
d’eau. En moins de cinq minutes, le bateau est dans les sangles à terre,
et le nettoyage par Karcher commence. Celui-ci durera un peu plus d’une
heure avant de déplacer Harriet et de le déposer sur un ber dans
la zone de carénage en bord du canal de Tancarville (bassin Bellot), pour
permettre la réalisation des travaux. Fin du voyage pour aujourd’hui,
maintenant place aux travaux que j’espère les plus rapides possibles.
Je vais profiter de cette mise à terre pour faire le carénage.
Le prix d’une sortie et remise à l’eau pour un bateau comme
le mien (562 €) est trois fois inférieur à ce qui se pratique
en région Ile-de-France. Le différentiel de coût devrait
couvrir le prix des produits nécessaires. En 2011, la sortie et remise à l’eau
pour la vente du Carpe Diem avait coûté plus de 1 000 €, et
le bateau était plus petit et moins lourd (11 tonnes pour 16,5 tonnes du Harriet).
Du 24 juillet au 04 août, échange du moteur tribord et essais en
mer à l’issue des travaux. Je profite de l’intervention pour faire le carénage du Harriet avec Primocon et antifouling
Micron 350, puis changement de toutes les anodes.
Après les essais en mer le vendredi, je positionne le Harriet le long
du ponton visiteur, une place est libre, face à l’entrée
du bassin. Je remets tout en ordre dans le bateau pour faire la remontée de la Seine
dans deux jours. Je règle ensuite les différentes formalités administratives
(les factures) avec le port du Havre et laisse Harriet jusqu’au lundi matin
pour rentrer à Carrières-sous-Poissy.
Lundi 07 août :
A mon arrivée au Havre, une très mauvaise surprise m’attend.
La Tempête Patricia a balayé le port ce weekend. Des vents de plus
de 110 km/heure ont été enregistrés au cap de la Hève.
Le résultat est visible sur les toiles qui couvrent le poste de pilotage
extérieur. Celles-ci ont été arrachées. Les fermetures éclair
ont tenu, mais toutes les coutures ont lâché.
Il y a même une partie transparente sur tribord qui est complètement éclatée.
De plus, quelques fixations de la toile sur la plage arrière sont déchirées,
arrachées. En attendant la solution provisoire pour mon retour passera
par des épingles à nourrice.
Enfin, après avoir remis un peu d’ordre et bu un café avec
mon chauffeur, je démarre les moteurs, cap sur Honfleur puis Rouen que
je devrais atteindre en début de soirée. La traversée de
la Crique de Rouen se fait avec une mer peu agitée qui m’arrive
par les ¾ arrière. Une heure plus tard je passe devant l’écluse
de Honfleur accompagné d’un petit rayon de soleil. Peu avant le
pont de Normandie, je récupère le flot qui me porte gaillardement
jusqu’à Rouen, le coefficient est de 86 aujourd’hui. Un cargo
me secoue quelque peu en me croisant au pont de Tancarville. Je passe sous le
pont de Brotonne à 15 heures. Le soleil est capricieux et joue à cache-cache
avec moi. Je suis trématé par plusieurs bateaux de commerce, mais
en arrivant sur Rouen il y a peu de trafic. Parti à 10h10 Du Havre, je
suis amarré au ponton des pompes à carburants à 19h00 après
une montée sans soucis.
Mardi 08 août :
Avant de partir pour Venables, je mets un peu plus de 200 litres de gazole dans
mes réservoirs. Le prix est inchangé (1,85€ le litre) depuis
le mois de juillet. Vers midi, je démarre les moteurs. Surprise sur tribord,
les courroies de l’alternateur sont détendues.
Il me faut plus d’une
demi-heure pour remédier au problème. Trois boulons à desserrer
puis à resserrer avec trois douilles de diamètre différent,
d’où le temps passé. Je quitte enfin le bassin Saint-Gervais à 12h40.
Le courant m’étant défavorable, je navigue sur mes deux moteurs.
A la sortie de Rouen, je croise deux bateaux de plaisance, une vedette et un
voilier démâté. Peu après être passé à Oissel,
j’aperçois derrière moi à environ 1,5 kilomètre, un petit
bateau qui me suit. C’est celui qui était arrêté au ponton quand je suis
passé. Il fait de plus en plus chaud et mon ventilateur au poste
de pilotage extérieur fonctionne presqu’en permanence. A Poses-Amfreville,
je fais des ronds dans l’eau pendant 30 minutes devant les portes qui tardent à s’ouvrir.
Une fois amarré dans l’écluse, les portes restent ouvertes
encore une quinzaine de minutes en attendant l’arrivée du petit
bateau de plaisance aperçu à Oissel.
Je sors enfin de l’écluse vers 18 heures, après une montée
de plus de cinq mètres. Je reste sur mes deux moteurs car il est tard.
Peu après, je croise un bateau de commerce ainsi qu’un bateau de
croisières. Je rentre enfin sur le plan d’eau des Grèves-du-Lac
vers 19h50. Il y a peu de vent et cela facilite grandement mon amarrage. Dix
minutes plus tard, je peux enfin arrêter les moteurs. Fin de navigation
pour ce mardi.
Mercredi 09 août :
A 07h00, quand je quitte Venables la température est déjà de
près de 20°C et le ciel est nuageux. Il y a beaucoup de trafic sur
la Seine, que ce soit des bateaux montants ou avalants.
Comme il a risque d’embouteillage à l’écluse
de Notre-Dame-de-la-Garenne, je ne pousse pas les moteurs. Vers 8h00, une petite
bruine vient m’accompagner pendant une dizaine de minutes. De petits coins
de ciel bleu viennent de temps en temps me faire un petit clin d’œil.
Je passe rapidement l’écluse, seul, vers 9h45. En fin de matinée,
le ciel devient bleu et le soleil se réveille. Quand je passe devant le
château de la Roche-Guyon, la température est proche de 27°C.
Il y a beaucoup de trafic aussi cet après-midi. J’espère
ne pas avoir trop à attendre à l’écluse de Méricourt.
A mon passage devant la darse de Limay, un bateau de commerce me coupe la route.
Je m’écarte et le trémate rapidement. A 16h25, je passe devant
l’entrée du port de Verneuil-sur-Seine. J’entre enfin dans
la Nouvelle Marina Port Saint-Louis, terme de mon voyage vers 17h10. Quinze minutes
plus tard, je suis amarré et je coupe les moteurs.
Conclusion :
Entre la descente sur un seul moteur et la remontée sur les deux moteurs,
je totalise 82 heures et 30 minutes de fonctionnement pour une distance parcourue
au total de près de 670 kilomètres. A cela, je dois ajouter un
aller et retour entre le port de l’Ilon et Carrières-sous-Poissy,
deux allers-retours chez Diesel Marine et les essais en mer après l’échange
du moteur (total = 750 kilomètres à peu près). Ma consommation s’établie à un
peu moins de 7,4 litres de gazole à l’heure (environ un litre par
kilomètre et régime compris entre 1850 et 1900 trs/minute).
Pour les toiles, il me faut garder la solution provisoire (les épingles à nourrice)
car la personne qui s’en occupe habituellement est en congé jusqu’à la
fin du mois. Quant à moi, j’ai à remonter la rampe de
l’escalier intérieur, faire les courses et enfin partir avec mon épouse
et le chat Moka pour environ un mois dans le Cotentin.
Groupe Demolin, partenaire de la marine
Le port du Havre