Croisière 2020 dans le Cotentin jusqu’à Cherbourg
24 juillet :
Cette année, j’ai prévu de rejoindre Cherbourg dans le Cotentin.
D’après quelques informations glanées sur le Web, le puissant
flot et jusant occasionnent parfois une mer difficile même par beau temps
en passant le raz de Barfleur. Nous verrons bien quand nous y seront.
Pour cette croisière normande, nous serons seulement deux cette année,
mon épouse et moi-même. J’oubliais, le matelot à quatre
pattes, le chat Moka, est aussi du voyage comme les années précédentes.
La température n’est que de 25°C, le ciel est gris et le vent
faible quand nous partons vers 14h00 pour le port de l’Ilon où nous
allons passer notre première nuit à bord. Le site « Vigicrues » ne
donne que 0,5 m à Poissy, ce qui signifie que le courant est faible ainsi
que le niveau de la Seine (nous étions au maximum à 5,38 m en janvier
2018).
La navigation commerciale est importante ce vendredi. Nous croisons huit commerces
et un plaisancier sous pavillon français, race en voie de disparition
depuis quelque temps déjà.
Je navigue uniquement sur le moteur bâbord à 1900 trs/mn pour une
vitesse d’environ 11 km/h et nous ne mettons que 3h45mn pour atteindre
le ponton d’accueil de la station de carburants à l’Ilon.
Le gazole est à 1,40€ le litre cette année (1,60€ en
2019). Je complète mon plein comme tous les ans quand je descends la Seine,
avec 124 litres. Je reprendrai seulement du gazole au port de Saint-Vaast-la-Hougue car l’ai
suffisamment de carburant pour rejoindre le Cotentin.
25 juillet :
Ce matin, une petite pluie nous accueille à notre réveil vers 07h30.
Nous quittons notre amarrage à 08h30 pour rejoindre l’écluse
de Méricourt sous un ciel gris, menaçant mais non agressif. Nous
sortons de l’écluse 40 minutes plus tard derrière le Pythagore,
un porte-containeurs. La bassinée s’est effectuée tout en
douceur mais les pare-battages sont sales maintenant.
Le soleil se lève enfin quand nous croisons un bateau de plaisance hollandais à la
Roche-Guyon. A l’approche de Vernon, le ciel redevient gris. Un bateau
de croisières fluviales, sous pavillon Suisse, est amarré sous
le pont près de la Collégiale Notre-Dame de Vernon. Est-il en activité ou
est-il stocké en attente de jours meilleurs, rien ne bouge à bord
? Peu après je suis trématé par le « Biarritz » qui
file à toute vitesse. Je m’arrête le long du quai en rive droite, juste avant
l’écluse de Notre-Dame-de-la-Garenne pour déjeuner.
Je sors de l’écluse vers 14h30 après une bassinée
tout en douceur. Au fil des heures, le ciel devient de plus en plus gris et le
vent soulève une petite houle sur la Seine. A notre arrivée aux
Grèves du Lac à Venables, le vent devient encore plus fort mais
est dans le bon sens pour nous aider à l’accostage. Avec l’aide
des plaisanciers locaux présents, je n’ai pas de problème
pour m’amarrer malgré le fait que je n’ai qu’un mètre
de libre devant le bateau ainsi qu’à la poupe. Il y avait beaucoup
de navigation aujourd’hui samedi, car j’ai croisé plus d’une
quinzaine de bateaux de commerce.
En soirée, une forte pluie vient rincer le bateau de la poussière
accumulée ces derniers jours. Je profite de notre arrêt pour jeter
un œil sur la pompe à eau du moteur tribord, il y a un peu d’eau
dans le bac en dessous. Le filtre est désamorcé et un morceau de
pale manque sur la turbine, pourtant celle-ci est toute neuve. Cela a dû chauffer.
C’est la seconde fois que le filtre se désamorce. Il doit y avoir
une prise d’air sur le circuit. Heureusement, j’ai des turbines d’avance
et je peux changer celle-ci, mais je n’arrive pas à réamorcer
le circuit. Je dois impérativement traiter ce problème de désamorçage à Rouen
avant de partir pour Honfleur.
26 juillet :
Il y a un petit rayon de soleil ce matin pour quitter le port. Le ciel est gris-bleu
et la température seulement de 18°C. Je n’utilise que le moteur
bâbord.
Je croise le bateau de croisières « Amadeus Diamond » une
heure après notre départ. Nous passons par la petite écluse
d’Amfreville, sans attente, en douceur.
Il n’y a que nous dans le sas. Le vent, de face, devient de plus en plus fort et soulève de la houle.
Le ciel est très nuageux mais il ne pleut pas.
Au PK 216, une jolie carte postale nous attend : un chevreuil traverse la Seine
de rive gauche à rive droite et nage vigoureusement. Le vent étant
de face, il ne nous a pas entendu arriver. Rapidement il gagne la rive et disparait
dans le sous-bois à la fin de ce charmant spectacle.
Un petit bateau est amarré au ponton de Oissel, probablement un plaisancier local. Le courant devient de plus en plus fort (marée descendante) et le vent se calme enfin pour quelque temps. Après le pont Gustave-Flaubert, il y a beaucoup de houle, sans doute due au vent et au trafic. A notre arrivée dans la darse Saint-Gervais, je suis obligé de prendre un amarrage sur un catway de 8 m car il n’y a plus de place en bout de ponton. Avec le vent de travers, la chose n’est pas aisée mais avec l’aide d’une jeune femme présente sur son bateau, tout se passe bien. Nous avons mis 3 heures et 15 minutes pour venir de l’écluse. Nous sommes dimanche, mais il n’y a pas beaucoup de monde au port. A la Capitainerie, on me donne le numéro de téléphone d’un mécanicien d’une société toute proche pour traiter mon problème de pompe à eau.
27 et 28 juillet :
Aujourd’hui lundi 27 je ne navigue pas. Ce matin j’ai appelé le
mécanicien qui doit venir cet après-midi pour traiter le problème
de désamorçage de la pompe à eau du moteur tribord. Je profite
de cette attente pour aller au ravitaillement à l’Intermarché situé à environ
un kilomètre et demi de la darse Saint Gervais.
Le mécanicien n’est pas venu. Renseignement pris auprès de
la société, de toute façon, il n’aurait rien pu faire.
Il me reste donc à trouver la solution par moi-même. J’arrive
enfin à réamorcer le circuit mais j’ai une fuite à l’entrée
de la pompe. Sur les conseils du responsable du mécanicien, m’étant
rendu à la société toute proche et après discussion,
soit la pièce sera disponible au centre Volvo Marine, soit j’irai
chercher de la pâte à joint étanche à l’eau
dans un magasin de pièces automobiles (Niort Frères Distribution,
proche du port). En fin de journée, il pleut de nouveau.
Ce mardi matin 28, je téléphone au centre Volvo Marine à Saint-Étienne-du-Rouvray
pour savoir si le raccord d’entrée de pompe à eau est disponible.
La réponse étant négative, je passe au plan B qui consiste à utiliser
de la pâte à joint. J’achète donc un tube pour 12 € chez
Niort. De retour je redémonte le couvercle de la pompe et m’aperçois
que le joint papier resté collé présente un défaut.
Il apparait que celui-ci est légèrement décalé en
rotation et que les trous des vis ne correspondent pas. Ce qui fait que les vis
ont percé le joint. La fuite ne vient donc pas du raccord d’entrée,
mais du couvercle. L’eau coule par les deux vis situées en bas du
couvercle d’où les problèmes d’aspiration.
Après recherche dans mes coffres, je trouve un joint déjà utilisé mais
en parfait état. Je le fais tremper dans l’eau pendant 5 minutes
pour le positionner ensuite correctement sur le couvercle de pompe. Après
remontage et test tout est nickel. Plus de fuite donc plus de risque de désamorçage.
De toute manière j’ai le tube de pâte à joint au cas
où. J’assèche et nettoie le bac situé sous la pompe pour m’assurer
par la suite que le problème a bien été réglé.
La morale de cette histoire est que j’aurais dû me faire plus confiance
et mener moi-même l’analyse du problème quand celui-ci a été constaté.
Le seul apport dans la discussion avec le responsable du mécanicien a été l’information
sur la pâte à joint.
Je profite de l’après-midi pour refaire quelques courses avant notre
départ pour Honfleur demain matin. Aujourd’hui, il ne pleut pas
en fin de journée. Avant de me coucher, je contrôle de nouveau si
le circuit est toujours bien amorcé et s’il n’y a pas de fuite.
Tout est correct, pour le moment, pour notre départ.
29 juillet :
Ce matin, il fait frais et je mets le chauffage pendant une heure. Dehors, il
fait 15°C et seulement 18°C dans le carré. Avant de mettre les
moteurs en marche, je vérifie de nouveau si tout est OK sur le moteur
tribord. Ouf ! pas de fuite et le circuit est toujours amorcé d’après
ce que je constate en regardant au travers du couvercle du filtre.
Nous sortons de la darse Saint-Gervais à 9h00. Cinq minutes plus tard,
je m’aperçois que j’ai oublié mon téléphone
portable dans la douche à la Capitainerie.
Demi-tour immédiat et retour rapide au port, pendant que j’essaie
d’appeler mon portable en utilisant celui de mon épouse, mais pas
de réponse. Heureusement, la place en bout du premier ponton s’est
libérée. Je fonce à la Capitainerie et bonne nouvelle, quelqu’un
d’honnête a rapporté mon téléphone, merci à lui.
Je suis soulagé et peu enfin reprendre ma navigation vers Honfleur avec
seulement 30 minutes de retard sur mes prévisions de marée.
Il n’y a personne sur l’eau, le soleil brille enfin et il fait chaud.
Je passe sous le pont de Brotonne haut de cinquante mètres au-dessus de
la Seine au PK 308 vers 13h30. Ma vitesse est supérieure à 18 km/h
avec le courant. Je croise un petit bateau qui remonte le fleuve vers 14h30.
Je ne pense pas qu’il pourra atteindre Rouen avant la nuit.
La renverse du courant a lieu vers 15h30 après le pont de Tancarville.
La mer est calme avec un peu de houle, environ 20 cm. Peu après je croise
un premier cargo qui a pris le flot pour rejoindre Rouen. Ma vitesse est tombée à 8
km/h. Juste après le pont de Normandie vers 16h45, je croise un second
cargo. Le courant qui me fait face est d’environ 7 km/h, mais j’ai
rattrapé le retard consécutif à l’oubli de mon téléphone
dans les douches.
Je pénètre dans l’écluse de Honfleur à 17h10
et je fais ensuite quelques ronds dans l’eau en attendant l’ouverture
du pont de la Lieutenance pour entrer dans le vieux bassin car le ponton de l’avant-port
est complet. On m’affecte une place au quai visiteurs face aux restaurants.
Un couple de belges sur un voilier de 50 pieds, me porte assistance pour mon
amarrage. Nous partageons le même catway. Le responsable du Cercle Nautique
qui m’a accueilli participe aussi à la manœuvre, merci à tous.
Il y a déjà quatre voiliers hollandais présents au ponton
visiteurs. J’ai mis seulement 7 heures et 40 minutes pour faire la descente,
soit une moyenne supérieure à 14 km/h. Je contrôle si tout
va bien au niveau de la pompe à eau du moteur tribord et tout est parfait,
pas une goutte d’eau en-dessous. Le problème semble définitivement
réglé.
30, 31 juillet et 1er août :
Ce jeudi 30 juillet, la chaleur devient accablante sur Harriet. Tous les voiliers
sous pavillon hollandais sont partis à la levée du pont de 11h30.
Nous profitons de la relative fraicheur apportée par la brise marine pour
aller nous dégourdir les jambes dans les rues de Honfleur. Il y a beaucoup
de monde l’après-midi autour du Vieux Bassin malgré le coronavirus
(COVID-19). J’en profite pour aller faire quelques photographies depuis
la grande roue installée sur le bord du bassin de l’Est.
Ce vendredi 31, il fait déjà 22,5°C à l’extérieur à 7h30
du matin. Comme demain nous avons une invitée, en milieu de matinée, je fais
quelques courses d’appoint. L’après-midi, malgré la
chaleur, je pars seul faire la ballade à pieds jusqu’à la
chapelle Notre-Dame-de-Grâce située sur la commune d'Équemauville,
sur le plateau de Grâce qui surplombe Honfleur à 90 mètres
au-dessus du niveau de la mer, face à l'estuaire de la Seine. Il faut
environ 3 km de marche pour rejoindre le sommet depuis le Vieux Bassin. Le plateau
de Grâce est situé sur la commune de Equemauville mais la chapelle
Notre-Dame-de-Grâce appartient à Honfleur.
Pour information :
En 1027, Richard III, duc de Normandie, s’embarqua en mer. Il subit une
forte tempête et il pensa que sa dernière heure était arrivée. « Aussi,
il fit le vœu que s’il survivait, il ferait construire trois chapelles.
L’une à Fécamp, une autre à Saint-Valery-en-Caux
et une dernière sur le plateau de Grâce. » Il fit construire
Notre-Dame-de-Grâce près du ravin. Elle était habitée
par des Capucins. Un glissement de terrain, en 1570, emporta la chapelle.
« Une autre chapelle a été reconstruite, plus éloignée
du ravin cette fois, en 1602. Elle comprenait une nef et une charpente, faite
avec douze chênes de la forêt de Saint-Gatien, offerts par Madame
de Montpensier. Le toit était en chaume ».
La chapelle avait la forme d’une croix grecque. En 1625, le toit fut recouvert
d’ardoises et voué à Notre-Dame-de-Grâce, protectrice
des marins. En 1848, Marie-Amélide, épouse de Louis Philippe, est
venue y prier et y a laissé une petite Vierge en remerciement.
« Les Capucins quittent la chapelle et, en 1905, elle deviendra une grange, puis
un cabaret et un dancing ». Depuis, la chapelle a retrouvé son faste.
Elle a été classée monument historique en 1938. De nombreux
pèlerins viennent toujours y prier et demander des grâces.
La chaleur devient écrasante en cette fin de journée, mais l’orage
prévisible qui devrait suivre passe son chemin et continue vers Rouen.
Ce samedi matin 1er août, le ciel est gris mais il ne fait pas froid. Il
y a peu de vent mais beaucoup de bateaux arrivent, surtout des voiliers hollandais.
Il y a énormément de monde aux terrasses des restaurants qui nous
surplombent.
Notre invitée arrive vers midi. Après un long et bon repas, nous
faisons une promenade digestive jusqu’à l’écluse.
Le parcours maritime 2020, de Honfleur à Cherbourg et retour
(environ 400 km en mer) :
Notre parcours maritime devait nous conduire à Cherbourg et nous y a effectivement
conduit.
Comme je vais passer mon premier « raz », celui de Barfleur, j’ai
pris quelques renseignements sur Internet. Les informations trouvées indiquent
qu’il y existe un courant de marée puissant, qui dans certaines
circonstances occasionne une mer difficile voire dangereuse même par beau
temps.
A l’aller avec les courants favorables mais avec le vent de face (quoique
modéré) la mer a été quelque peu désobligeante même avec une route à 3 miles de la côte.
Au retour, le passage du raz a été beaucoup plus agréable
avec les courants favorables et l’absence de vent.
Cette année, mis à part quelques caprices de la météo
dans la seconde moitié du mois d’août, la mer a été très
clémente.
02 août :
Le ciel est gris à notre réveil. Quand nous quittons notre emplacement
pour rejoindre l’écluse à 11h30, le ciel s’est dégagé et
il commence à faire chaud. Le vent est faible, nous sommes à marée
haute depuis une demi-heure et le courant va nous porter un bon moment vers
Grandcamp-Maisy. Nous avons le temps car les portes n’ouvriront qu’à 20h00.
Dans l’écluse nous sommes rejoints par les deux vedettes qui emmènent
les touristes sous le pont de Normandie ainsi que par quelques voiliers.
Nous sommes secoués dans le chenal de Seine par la vedette de la SNSM
qui nous trémate et file à grande vitesse vers le large. Vers
15h00, nous sommes face à Courseulles-sur-Mer. Il n’y a pas beaucoup de bateaux sur l’eau, juste de petites embarcations
parties à la pêche à proximité de l’entrée du chenal du port. Je prends la mer par ¾ avant
et le bateau n’est pas secoué. A 16h00, la marée nous porte
toujours et je suis face à Arromanches. Une heure plus tard, j’aperçois Port-en-Bessin à environ
quatre miles par bâbord.
A la renverse du courant avec le vent, la mer commence à se creuser (environ
un mètre) et je la prends de face. Je réduis ma vitesse car je
vais devoir faire des ronds dans l’eau devant le port de Grandcamp-Maisy.
Ronds dans l’eau effectués à la vitesse de 4 km/h en attendant
l’ouverture des portes. Heureusement, cela finit par se calmer vers 19h30 quand le vent tombe.
Enfin je peux entrer dans le port, mais celui-ci est quasi complet et j’ai
la chance de trouver une place entre un catway et un voilier. Le vent est tombé,
ce qui a facilité la manœuvre. A 20h20, je suis amarré.
J’ai mis 6h40 pour faire les 100 km qui me séparent de Honfleur
et 1h20 à faire des ronds dans l’eau par une mer quelque peu houleuse.
En 2019, j’avais mis 8h00 pour faire le même parcours. La différence
s’explique par un coefficient de marée plus élevé donc
avec des courants plus forts.
03 août :
Le ciel est bleu, le vent modéré et il commence à faire
chaud quand nous partons à 9h30 pour Saint-Vaast-la-Hougue. Le vent
souffle de face (3 à 4 Beaufort) mais la mer totale n’est qu’à 0,40
m et la marée sera haute dans une heure, donc aucun souci à avoir.
Il y a quelques voiliers sur l’eau que nous apercevons quand nous laissons
les iles Saint-Marcouf sur bâbord. A 11h40, je suis amarré au
ponton face à la station de carburant, soit 2h10 après mon départ
de Grandcamp-Maisy. Je mets 350 de gazole dans mes réservoirs en environ
25 minutes. Cela représente ce que j’ai consommé depuis
mon départ du port de l’Ilon.
La Capitainerie me place le long du ponton B, ce qui est parfait. Je dois juste
faire attention au superbe voilier en bois qui est devant moi, au moment de
mon amarrage, car je n’ai
qu’un mètre de battement. Heureusement
le vent est tombé dans le port. Il ne faudrait pas que je rentre dedans.
Beaucoup de voiliers arrivent dans l’après-midi, surtout
des hollandais.
04 août :
Ce matin, il fait frais dans le bateau. Nous sommes dans le Cotentin et la température
sur le bateau est seulement de 17,5°C à 7h30. Je mets le chauffage
pendant une bonne heure. Nous restons au port pour la journée et ne partirons
que demain midi. A l’ouverture des portes, beaucoup de bateaux sortent
en mer, celle-ci est belle avec seulement une petite houle très légère.
Nous faisons une ballade en ville le matin pour repérer les restaurants
et aussi acheter un gilet de sauvetage pour mon petit neveu Jules. Quand je reviendrai
de Cherbourg, j’ai prévu de lui faire faire le parcours par la mer
jusqu’à Saint Vaast avec sa mère. Si la météo
se maintient, ce sera pour samedi prochain 08 août. Nous profitons de l’après-midi
pour aller jusqu’à la tour Vauban et au retour, nous refaisons le
tour complet du port, soit une petite randonnée d’environ 5 km.
La soirée est très calme et il ne pleut pas.
05 août :
Nous partons pour Cherbourg à midi, trois heures avant marée haute
pour bénéficier des courants en passant le raz de Barfleur. La
mer totale prévue est de 0,2 m et le coefficient de marée seulement
de 84. Cela devrait donc être une petite promenade. Quand nous sortons
du port, il y a peu de houle mais beaucoup de bateaux. Le plus gênant,
ce n’est ni la houle ni le nombre de bateaux sur l’eau, mais les
casiers des vacanciers pratiquement invisibles avec les mouvements de l’eau à marée
haute.
En passant la pointe de Barfleur, avec le Phare de Gatteville en toile de fond,
la houle est d’environ 0,6 m et m’arrive de ¾ avant. Quelques
informations sur la pointe de Barfleur :
Le raz-de-marée à Barfleur en 1836 (d’après Wikimanche).
Le 25 décembre 1836, un raz-de-marée se produit sur les côtes
du nord-Cotentin, particulièrement sensible à la pointe de Barfleur.
Voici la relation qu'en fait Vérusmor (pour l'état civil Alexis
Gehyn, est un journaliste et écrivain de la Manche).
«
Un raz-de-marée, phénomène maritime des plus rares dans
nos parages, se manifesta à la pointe de Barfleur, sur les côtes
de la Hague, et même dans la baie de Cherbourg, pendant l'horrible ouragan
du 25 décembre 1836, qui joncha les rives de la Manche de cadavres et
de débris de navires naufragés.
Au fort de la tempête, et lorsqu'un vent impétueux du N. O. poussait à terre
les vagues tumultueuses, la mer, se contractant sur elle-même avec une
violence dont on n'a d'exemple que dans les régions les plus orageuses,
se retirait par intervalles à une si grande distance du rivage, qu'elle
fuyait en un instant jusqu'au-delà des limites qu'atteignaient les basses
marées ordinaires. On put observer cela plus d'une fois à la pointe
de Barfleur.
Ce mouvement général de ressac s'opérait en deux ou trois
minutes, et ce qu'il y a de plus étonnant dans ce fait extraordinaire,
c'est qu'il avait lieu au moment de la pleine mer, deux jours après la
syzygie du 23 (Conjonction ou opposition de la Lune avec le Soleil, correspondant
aux périodes de nouvelle ou de pleine lune).
Le raz-de-marée, singularité produite par une mer vaste et profonde,
alors qu'elle est agitée violemment dans son intérieur, de manière à ne
former qu'un flot de ses eaux qui se soulèvent en masse, est une chose
fort commune dans l'océan du tropique. On en a sans cesse de frappants
exemples aux Antilles (...)
Aux dires de tous les marins, on peut affirmer qu'avant la tempête du 25
décembre 1836, un raz-de-marée était un jeu de la nature
inconnu dans les eaux de la Manche. Cependant, il est à observer que,
quand le vent souffle du N.-O., la mer a souvent dans la baie de Cherbourg, un
mouvement de ressac assez sensible, tout différent de l'action du flux
ou des flots, et auxquelles marins donnent le nom de « resciage ».
C'est une faible image d'un raz-de-marée, mais provenant de la même
cause. »
Face à Cosqueville, la mer forcit encore et la houle est maintenant de
1 m à 1,2 m. Mais passé le cap Lévi, cela se calme enfin
et respecte les prévisions initiales de la mer totale. Il n’y a
que le vent qui nous accompagne dorénavant.
Une fois dans la grande rade de Cherbourg après avoir passé le
Fort de l'île Pelée, j’appelle le port Chantereyne pour signaler
notre arrivée et l’on vient nous accueillir dès l’entrée.
On nous accompagne au ponton face à la Capitainerie, à proximité des
pompes à carburants. L’accueil est parfait.
Il manque un taquet pour mes amarres et je dois utiliser les longueurs de 25
m pour positionner le bateau au centre, ce qui fait perdre de la place pour un
autre bateau. J’ai mis 3h20 pour venir de Saint Vaast-la-Hougue soit une
moyenne de 15,6 km/h. Le côté négatif de l’environnement
du port est qu’il n’y a pas de commerces à proximité hormis
les shiplanders, mais nous ne sommes pas loin du centre-ville. Le port, accessible à toute
heure du jour et de la nuit, est immense et dispose de 1 600 anneaux dont 190
pour les visiteurs.
06 et 07 août :
Ce matin 6 août, je découvre les douches qui sont irréprochables.
Il n’y a pas besoin de chauffage sur le bateau car la température
est déjà de 21,5°C à 7h30. Nous profitons de la relative
fraicheur de la matinée pour aller faire quelques courses de frais sur
le marché en centre-ville. Ce marché a lieu le jeudi et le samedi.
Il fait très chaud en ce début d’après-midi mais après
déjeuné, nous partons au ravitaillement au supermarché Carrefour
situé à environ 1,5 km de notre ponton. Cette sortie est nécessaire
pour compléter le coffre à vivres du bateau.
Ce vendredi matin 7 août, la température est toujours aussi élevée
et nous décidons d’aller visiter la Basilique Sainte-Trinité située
près de l’Hôtel de ville non loin du port. A l’intérieur,
la fraicheur des vieilles pierres nous fait du bien.
En fin de matinée, nous prenons le petit train des touristes qui nous
fait voir les points intéressants de la ville pendant près d’une
heure. La vitesse de ce moyen de locomotion, quoique modeste, génère
un filet d’air qui nous rafraichit le visage. Nous terminons la journée à nous
reposer. Une petite pluie en début de soirée apporte une relative
fraicheur bienvenue.
08 août :
Ma nièce ne va pas nous accompagner pour le retour vers Saint Vaast suite à des
problèmes familiaux, mais à 9h30, elle est sur le ponton avec mon
petit neveu.
Elle viendra le récupérer à notre arrivée
au port, puis nous irons tous ensemble au restaurant s’il n’est pas
trop tard. Je ne sais pas encore combien de temps je vais mettre. La marée
sera haute à 13h30 à Saint Vaast-la-Hougue avec un coefficient
de 76. L’objectif est de passer la pointe de Barfleur avec les courants
portants.
Il est 9h45 quand nous quittons notre amarrage. Un quart d’heure plus tard,
je sors de la grande rade. L’état de la mer est confirmé,
c’est un miroir. Avec le courant, ma vitesse dépasse presque constamment
les 20 km/h. J’aperçois le phare de Gatteville, mais la mer reste
complètement calme. Deux voiliers au loin à contre-courant et venant
vers moi semblent immobiles. Ils sont au moteur car le vent est pratiquement
inexistant. Cela fait 1h30 que nous sommes partis quand je laisse la pointe de
Barfleur sur mon tribord.
Ce n’est que du bonheur pour cette navigation, avec une mer calme, pas
de vent et des courants portants relativement forts. A 12h30, je suis amarré au
ponton visiteurs. J’ai mis un peu plus de 2h30 pour venir de Cherbourg à la
moyenne de près de 20 km/h. Ma nièce est en retard car c’est
jour de marché et elle a quelques difficultés à stationner
sa voiture et comme tout est bouclé, elle doit faire le tour du port à pieds
pour nous rejoindre.
Après un bon repas au restaurant le Chasse Marées, nous prenons
la route de Valognes située à une vingtaine de kilomètres
du port, pour aller visiter la nouvelle maison de mes Neveux et Nièce.
Il fait maintenant très chaud et nous passons l’après-midi à l’ombre
dans le jardin en buvant de la bière bien fraiche. Demain ce sera repos
sur le bateau en espérant une baisse de la température.
09 et 10 août :
C’est dimanche et nous restons au port pour nous reposer. Il n’y
a pas de vent et il fait très chaud. Dans la rue commerçante du
centre-ville, un petit vide-greniers est organisé. Après déjeuner,
je prends le vélo pour une promenade sur la route de Barfleur en longeant
la mer jusqu’à la plage de Jonville située dans la baie de
Saint Vaast-la-Hougue.
C’est à Jonville que le très sérieux journal britannique "The
Guardian" a classé "Le Goëland 1951", le petit bar
situé sur la plage dans la baie de Saint-Vaast-La-Hougue parmi les dix
meilleurs bars de plages français en juillet 2017.
En reprenant la route de Barfleur, je m’arrête à Réville
pour admirer l'église Saint-Martin qui domine le village. Malheureusement,
celle-ci est fermée.
Aujourd’hui lundi 10, le ciel est nuageux quand nous nous levons et il
ne fait que 18°C. Je profite de la matinée pour aller au Carrefour
remplacer la bouteille de gaz butane qui est vide. Ce n’est ouvert que
le matin pour le gaz. Au retour, vers 11h00, la température est de nouveau à la
hausse.
Dans l’après-midi, après déjeuner je reprends le vélo
pour une ballade en direction de Carentan. En chemin je croise l’église
Notre-Dame de Morsalines dont le clocher a été fortifié au
17e siècle. La nef et le chœur ont été reconstruits
au 18e siècle. Mais elle est fermée et toute visite est impossible.
Pour information :
On peut voir, gravées dans la pierre à l'extérieur de l’église, des représentations de navires. Ces graffitis marins datent du 17e ou 18e siècle. Certains sont gravés sur la clôture du cimetière. Le plus grand se trouve sur le contrefort d’un pilier de l'entrée du cimetière donnant sur l'avenue de la Peintrerie. Ces graffitis constitueraient des exvotos correspondant à une demande de protection ou à une action de grâce suite à un sauvetage en mer, au retour d’un long voyage…
11 août :
Ce matin, il y a de la brume sur la mer. Il fait chaud, mais la température
n’est pas caniculaire, pourtant les occupants du voilier hollandais, amarré face à nous
et arrivé hier, prennent un bain dans le port.
Il n’y a pas de vent quand nous partons vers 13h30. Nous nous insérons
dans le trafic des bateaux qui sortent pour une balade en mer. Notre escale du
jour sera Grandcamp-Maisy. La mer est très calme et je laisse les iles
Saint-Marcouf par bâbord. J’ai beaucoup de mal à les apercevoir à cause
de la brume. Je rencontre quelques voiliers en chemin, mais ceux-ci sont au moteur
car le vent est pratiquement nul. Il fait de plus en plus chaud.
J’arrive au port après deux heures de navigation. Celui-ci est complet, il y a beaucoup de voiliers hollandais et
anglais. Je suis à couple d’un voilier de 50 pieds sur le ponton
visiteurs. Ce qui n’est pas un problème car je repars demain. La
chaleur est étouffante jusqu’à tard dans la soirée.
12 août :
Je quitte mon amarrage à couple à 14h00, direction Courseulles-sur-Mer.
Les prévisions annoncent une mer calme comme un lac sans vent. Je mets
20 minutes avant de trouver de l’eau sous ma quille, et fais très
attention car j’ai seulement entre 1,5 m et 2 m. Nous sommes sur le plateau
des roches de Grandcamp et j’attends d’être à la bouée
cardinale pour prendre le cap sur Courseulles. Il y a beaucoup de brume sur la
mer, mais pas de panique avec le GPS.
Une heure après mon départ, j’aperçois sur bâbord
un aileron puis deux puis quatre ou cinq d’animaux de la famille des delphinidés.
Le temps de prendre l’appareil photographique, ils ont disparu, dommage.
Le soleil daigne enfin se montrer et il fait très chaud. Je croise mon
premier voilier, il est au moteur car il n’y a pas de vent.
Face à Port-en-Bessin la vedette de la SNSM semble être à l’ancre.
Le temps devient de plus en plus orageux et il y a de plus en plus de brume derrière
moi. J’espère, quand quelques gouttes d’eau viennent s’écraser
sur mon pare-brise, que l’orage va attendre la fin de mon amarrage au port.
Il y a peu de monde sur l’eau, juste quelques petits bateaux de plaisanciers
locaux à la pêche autour de l’entrée du port.
Dans le chenal d’accès, je m’annonce par VHF. On m’indique
d’aller jusqu’au ponton B sur bâbord ou je suis attendu. Deux
personnes dont la Capitaine du port, prennent mes amarres à mon arrivée.
Merci. J’ai parcouru la distance qui me sépare de Grandcamp-Maisy à la
moyenne de 15,8 km/h. Une heure après, l’orage éclate enfin,
un vrai déluge pendant environ deux heures. Cela dessale le bateau sans utiliser l’eau du ponton.
13, 14 et 15 août :
Le temps vient de changer ce jeudi 13. Le matin le ciel est gris, mais il ne
fait pas froid. Malgré quelques gouttes d’eau je vais au ravitaillement
au Carrefour Market situé à deux kilomètres car le Carrefour-City
qui est dans la rue de la Mer pratique des prix prohibitifs, fort de sa proximité avec
le port de plaisance. Après déjeuner, ballade en vélo à Graye-sur-mer à côté de
Courseulles en passant devant le Lavoir reconstruit en 1892 par Gustave Tanquerel,
entrepreneur à Graye-sur-Mer. Pour information :
Le 6 juin 1944, la population du village libéré par les Régiments canadiens, est regroupée près de ce lavoir avec l’espoir de pouvoir rejoindre leurs maisons. Au cours du Débarquement allié de juin 1944, ce lavoir devient aussi un point de repère (cité dans les témoignages) pour les troupes anglo-canadiennes et les personnalités ayant débarqué sur la plage de Graye.
De nouveau, le ciel se lâche en fin de journée et nous avons droit à une
grosse pluie jusqu’à tard dans la nuit.
Nous sommes vendredi 14 et le ciel est toujours gris. Ce matin il ne pleut pas
... encore. C’est jour de marché et malgré quelques gouttes
de pluie, il y a beaucoup de monde. Nous avons la chance d’être de retour au bateau avant que les quelques
gouttes ne se transforment en déluge.
Après déjeuner, le ciel étant enfin calmé, je reprends
mon vélo pour aller à Luc-sur-Mer. La ville est déserte,
pratiquement pas âme qui vive. La météo est probablement
responsable de cela. Je suis de retour sur Harriet juste à temps avant
la pluie devenue quotidienne.
Pour ce 15 août, le baromètre est en hausse. Les traditionnelles
fêtes de la mer ont été reportées au 22 août.
Cette décision a pour but d’attendre qu’un maximum de vacanciers
soit reparti (Covid 19 oblige). Après le traditionnel déjeuner
gastronomique, nous effectuons une balade digestive avec mon épouse qui
nous emmène jusqu’à la croix de Lorraine située près
du Centre Juno Beach (le musée canadien).
Quand nous regagnons le bateau, je constate qu’il n’y a plus d’électricité sur
les bornes du ponton. C’est la seconde fois que cela arrive. La première
fois la veille quand il pleuvait, après intervention d’un responsable
du port, celui-ci m’avait expliqué que beaucoup de connexions de
plaisanciers ne respectaient pas les normes. Mais surtout, sachant que mon premier
métier était « électricien », il m’avait
indiqué où se trouvait le disjoncteur de la zone. Prenant mes clés
d’ouverture et après avoir appelé la porte de garde qui n’avait
pas la compétence pour intervenir, je suis allé réenclencher
moi-même le disjoncteur. On n’est jamais si bien servi que par soi-même.
Malgré le temps maussade, trois bateaux sont arrivés au port aujourd’hui,
un allemand, un français et un hollandais.
16 août :
Nous quittons le port à 7h45 pour Dives-sur-Mer, 20 minutes après
l’ouverture des portes. La mer est calme mais il y a beaucoup de brume.
En navigation je voie le ferry qui quitte le port de Ouistreham. Il coupe notre
route par tribord sans souci pour nous. Il faudra juste faire attention à sa
vague d’étrave car il déplace beaucoup d’eau. La pluie nous accompagne par intermittence.
Un cargo fait route vers nous depuis le chenal de Seine. Un phare est allumé sur
sa passerelle de navigation, ce qui permet de le voir de loin malgré la
brume. Sa vitesse est relativement élevée et Il passe rapidement
devant moi. Ensuite il semble s’arrêter sur mon tribord. Que fait-il
ici ? Après notre passage, je voie qu’il s’est
remis en mouvement par son sillage à l’arrière. Dives et
Cabourg sont dans la brume et même aux jumelles, je ne distingue pratiquement
rien. A 9h45, je passe entre les bouées d’entrée du chenal.
Peu après, je m’annonce à la Capitainerie. On nous indique
notre emplacement et on vient nous aider pour notre amarrage sous la pluie. Il
n’y a pas de vent mais l’aide est la bienvenue. Merci.
En fin de matinée entre alternance de pluie et timides incursions du soleil,
deux bateaux sont arrivés (un allemand et un belge). Le ponton visiteurs
est maintenant complet avec les hollandais déjà présents.
Nous allons passer plusieurs jours ici car mon épouse aime bien aller
se promener sur le front de mer à Cabourg. Il y a beaucoup de méduses
dans le port arrivées à marée haute depuis les fortes chaleurs
de fin juillet et début août.
17, 18, 19 et 20 août :
Ce lundi 17 août, entre alternance de soleil et de pluie, sous un ciel
tantôt bleu, tantôt gris, nos voisins de ponton sont partis. Il ne
reste que le voilier belge arrivé la veille. Ce matin, il y a marché sur
le port, mais seulement quelques commerçants sont présents. Cela
sent la fin des vacances, pourtant il y a encore beaucoup de monde.
Le midi nous allons déjeuner au « Bistrot du port » qui vaut
le détour par la qualité et la quantité de ce qui est servi
dans nos assiettes. De plus le rapport qualité/prix est très correct
malgré la position de ce restaurant, sur le bord du bassin.
Pour digérer, je prends mon vélo pour aller sur Cabourg, mais j’écourte
rapidement la ballade pour raison de déluge. Quelqu’un a ouvert
l’écluse du ciel et cela tombe dru.
Le ciel est nuageux ce mardi 18 août. Un marché est prévu
dans la vieille halle et il est annoncé environ 60 commerçants.
Mais l’information affichée autour du port est mensongère.
En réalité, il n’y a que trois commerçants à l’extérieur
de la halle. De retour au bateau avec mon épouse, je repars, seul à l’Intermarché situé à deux
kilomètres du port sur la route de Cabourg.
Le bateau arrivé hier soir au ponton visiteurs est déjà reparti.
Après déjeuner, nous empruntons la passerelle qui relie Dives à Cabourg
pour une longue flânerie jusque dans les rues commerçantes derrière
le casino. Il y a énormément de monde sur la promenade Marcel Proust
en bord de mer et dans la rue principale, interdite à la circulation routière.
Le ciel est nuageux mais sans pluie. Le baromètre est à seulement
1010 et je pense que la pluie arrivera en fin de journée.
Aujourd’hui mercredi il pleut. Je profite d’une courte accalmie pour
aller chercher du pain. Aucune promenade n’est possible avec cette météo,
d’ailleurs il n’y a que peu de personnes sur les quais autour du
bassin.
Cette nuit du jeudi 20 août, je suis réveillé par la pluie
qui tombe sur le panneau de pont situé au-dessus de notre lit. Le bateau
bouge un peu car le vent, dehors est fort. Au matin, fort heureusement, le vent
de la nuit a chassé les nuages humides. Il ne reste que les nuages secs,
alors croisons les doigts pour la balade de cet après-midi. Trois voiliers
hollandais sont arrivés avec la marée. Ils sont sur la route du
retour au pays.
Vers 15h00, nous profitons du temps enfin quelque peu ensoleillé pour
nous promener dans Houlgate. La ville est surtout connue par son patrimoine balnéaire
qui brille dans la station grâce à ses 300 villas préservées,
les deux anciens grand-hôtels et le casino. L’église Saint-Aubin
et le temple protestant témoignent aussi d’une cohabitation entre
les deux religions depuis presque 150 ans.
21 août :
Avant de prendre la mer pour Deauville, je m’arrête au poste de carburants.
Ici le gazole n’est qu’à 1,34€ le litre, soit le moins
cher rencontré. Je quitte donc mon amarrage avec l’aide de mon voisin
hollandais qui ne parle pas français mais comprend parfaitement l’anglais.
A la pompe, je remplis mon réservoir avec 300 litres.
Quand je prends le chenal, je dois faire face à un fort courant contraire
de l’ordre de 7 km/h lié à la marée montante et à une
mer de travers. Après la bouée de sortie je fais route au 60°.
La mer est maintenant ¾ arrière et il y a de nombreuses crêtes
blanches sur l’eau.
J’entre dans le chenal de Deauville 1h30 après mon départ
de Dives-sur-Mer. Passé les portes de garde, je ne reconnais plus rien
au point que je ne trouve pas le bassin Morny alors que je suis dessus. L’avant-port
qui était vide de bateaux en 2013 est maintenant une marina. L’accès
au bassin municipal se fait par l’intermédiaire d’un pont
levant qui s’ouvre 30 mn puis se ferme 15 mn etc. ...
Mon contact à la capitainerie ne répond pas car il est midi. Le vent est force 5/6 Beaufort
et l’attente de l’ouverture de la nouvelle passerelle n’est
pas simple.
Enfin je peux rentrer sur le bassin, le grand quai est libre et je n’ai
aucun problème pour m’amarrer. Le temps est chaud aujourd’hui
et lorsque je me rends à la Capitainerie (municipale) pour régler
mon séjour, je découvre des personnes très
sympathiques. Je me vois offrir une nuit, ce qui est agréable car le prix
d’une nuitée à Deauville est facturé 40€, soit
le plus cher de la côte. Merci. Mais c’est Deauville...
Je profite ensuite du reste de l’après-midi après déjeuner
pour faire quelques courses sur Trouville et retrouver mes repères car
l’environnement du port a beaucoup changé depuis notre précédente
visite et je suis un peu perdu. En soirée, étant incapable de recevoir
la TNT sur la télévision, nous sommes dans un creux avec les constructions à marée basse,
je fais le réglage de la parabole pour les chaînes par satellite.
Tout fonctionne parfaitement.
22 et 23 août :
Ciel bleu et soleil au réveil, ce matin du 22 août. Après
le petit-déjeuner, nous allons au marché de Deauville situé
à quelques
centaines de mètres du port.
Au retour, je constate que le beau voilier
anglais, notre voisin de derrière le long du quai, est parti. Après
quelques gouttes d’eau en fin de matinée, le soleil daigne illuminer
le ciel pour notre promenade à Trouville.
Nous sommes dimanche 23 août, comme la température est fraiche ce
matin dans le carré, je mets une heure de chauffage, en particulier pour éliminer
l’humidité. C’est jour de marché à Trouville
le long de la Touques sur près de 500 mètres.
Le temps est clair, le soleil brille et la température est agréable
vers 10h00. Il y a énormément de monde au marché. Au moment
du repas, plusieurs voiliers, hollandais, arrivent. Je pense qu’ils ont besoin de se dessaler (les embruns en mer) car les
occupants du voilier situé derrière nous, plongent dans le port
pour se baigner après l’amarrage de leur bateau.
En milieu d’après-midi nous faisons une promenade du côté de
la marina située entre l’embouchure de la Touques et la plage de
Deauville.
24 août :
C’est notre dernière matinée à Deauville, nous repartons
vers 13h00 pour Honfleur si la météo le permet. Quelques mots sont
nécessaires sur le port et les services apportés aux plaisanciers.
Les personnes qui nous accueillent sont très sympathiques et ne doivent
rien changer à leur façon d’être et de faire car c’est
parfait.
Par contre, ce port est municipal et la municipalité devrait faire quelque
chose pour traiter l’état des douches. J’ai l’impression
de retrouver les douches que j’avais à l’armée en 1973 à Mulhouse.
Dans certaines, il n’y a plus de patère pour accrocher ses vêtements
et l’état général est lamentable, identique à mes
souvenirs de 2013. On a l’impression que c’est à l’abandon.
Quand on paie 40€ la nuitée on peut s’attendre à autre
chose. Le luxe n’est pas nécessaire, mais un minimum serait le bienvenu.
A 13h00 une pluie fine accompagne notre départ. Plusieurs voiliers sont
partis avant moi. Ils sont au moteur et sont sur la même route que Harriet.
J’ai tôt fait de les trémater. Je prends la mer par ¾ avant
jusqu’à la cardinale Semoy avec des creux compris entre 1m et 1,5m.
Les prévisions ne donnaient que 0,4 à 0,5m seulement.
Entre Semoy et le chenal de Seine, je prends la mer par le travers et c’est
très inconfortable surtout que je dois accompagner la gite du bateau pour
qu’il se redresse quand les vagues sont trop fortes. Les creux atteignent
parfois près de deux mètres.
Dès notre entrée dans le chenal de Seine, la mer arrive maintenant
par ¾ arrière. Le bateau ondule, mais ne se couche plus. Nous croisons
un bateau de pêche en train de chaluter dans l’estuaire. Le courant
nous pousse et nous arrivons à marée haute dans l’écluse
de Honfleur dont les portes amont et aval sont ouvertes. Nous avons mis deux
heures depuis Deauville pour parcourir les 27 km entre les deux ports en contournant
le banc du Ratier. Nous n’avons pas besoin d’attendre l’ouverture
du pont de la Lieutenance à 15h30 car je trouve facilement une place le
long du ponton de l’avant-port toujours sous ce petit crachin très
désagréable.
25 août :
Aujourd’hui, nous faisons la remontée de la Seine jusqu’à Rouen.
Je quitte le ponton pour entrer dans l’écluse à 11h30. Nous
passons avec les deux vedettes de visite du pont de Normandie. Nous sommes une
heure après marée basse et nous descendons d’environ cinq
mètres pour rejoindre le chenal. A midi, nous sortons de l’écluse
et faisons route au 90°, direction la maison. Le vent, de travers est très
fort et une petite pluie nous accompagne mais le fleuve ne présente que
quelques rides peu profondes.
A 13h15, nous sommes en approche du pont de Tancarville. Le flot commence à arriver.
Un pilote de Seine fait des ronds dans l’eau en attendant le cargo qui
se trouve derrière nous, au loin. A 13h30, trois commerces quittent l’écluse
de Tancarville. Le premier nous trémate 15 minutes plus tard. Il semble
pressé. Le cargo derrière nous s’arrête à Quillebeuf-sur-Seine
et le second commerce, le Magister nous trémate à son tour.
Vers 15h00, les rafales de vent sont tellement fortes qu’elles projettent
des embruns comme si j’étais en mer. Ma vitesse est proche de 20
km/h. A Yainville, la houle sur la Seine est comprise entre 30 et 40 cm, du jamais
vu pour moi depuis près de vingt ans. Je croise mon premier cargo qui
descend vers Honfleur à 16h30. Je croise le second, qui soulève
une vague d’étrave de près d’un mètre, 45 minutes
plus tard.
A 18h00, le dernier commerce qui me suivait, me trémate à son tour à la
Bouille. Je baisse ma vitesse pour faciliter sa manœuvre. Il pleut à verse
maintenant. J’espère que cela sera calmé pour mon arrivée à Saint-Gervais.
J’ai toujours le flot et ma vitesse est élevée.
A 18h40, j’entre dans le bassin et miracle, il ne pleut plus et le vent
est tombé. Il y a même un rayon de soleil. J’avise la seule
place disponible sur le premier ponton car les catway ont une longueur de dix
mètres. Quatre jeunes, à bord d’un petit voilier amarré le
long du catway me regarde faire mon accostage, mais aucun ne bouge pour prendre
mes amarres alors que je suis seul à la manœuvre. Une belle bande
de petits « Cxxs », représentative de l’individualisme
de la nouvelle génération.
J’ai mis 6h40 pour faire la montée à la vitesse de 16,5 km/h.
Le temps reste sec pour la soirée, mais le vent revient en force.
26 août :
Il y a eu beaucoup de vent cette nuit. En allant chercher du pain, opération
rendue nécessaire ce matin car il ne sera plus possible de trouver un
boulanger avant Carrières-sous-Poissy, en longeant le fleuve, j’aperçois
le « Renoir » qui semble avoir repris du service. Il descend en direction
du Havre ou de Honfleur avec quelques passagers perchés sur la terrasse
du bateau. Celui-ci navigue mais par contre, il reste toujours sept bateaux stockés
dans la darse de Port Saint-Gervais plus un autre sous le pont Gustave Flaubert.
Nous partons à 13h00. Le courant nous est contraire, environ 5 km/h et
il y a beaucoup de clapot sur la Seine. J’utilise les deux moteurs pour
arriver avant 19h00 à Venables. La limite de séparation de la zone
fluviale et maritime n’est plus indiquée sur le pont Jeanne d'Arc.
En passant par le petit bras de l’ile Lacroix, je constate qu’il
n’y a aucun bateau de croisières amarrés au quai. Ce n’est
pas le cas les autres années où il y en a toujours deux ou trois.
A Oissel, un bateau de plaisance est amarré au ponton. Celui-ci semble
mal en point et a dû probablement connaître des jours meilleurs.
A Saint-Aubin-lès-Elbeuf, je suis obligé de me déporter
en croisant le « Romantica » car celui-ci n’est pas à sa
place. Le courant qui était fort commence à faiblir à l’approche
de l’écluse d’Amfreville. Nous avons croisé beaucoup
de bateaux de commerce, mais aucun ne nous a trématé.
Nous passons par le grand sas de l’écluse peu après 17h00,
pour une bassinée tout en douceur d’une vingtaine de minutes. A
la sortie de l’écluse, le courant est beaucoup plus faible, environ
1km/h seulement. Vers 18h45, nous entrons sur le plan d’eau des Grèves
du Lac, il n’y a plus de vent. Après mon demi-tour pour être
prêt à repartir, on vient nous accueillir et prendre nos amarres.
Merci à vous.
27 août :
A notre réveil en allant prendre ma douche, je constate que la surface
de l’eau est recouverte d’une couche de minuscules algues vertes.
La température dans le carré étant de l’ordre de 17°C,
je mets le chauffage en route.
En quittant le port vers 9h45, il n’y a pas un souffle de vent et le soleil
commence à chauffer. La Seine est un miroir. Vers 11h30, nous sommes trématés
par le « Romantica » qui cette fois est à sa place.
Nous avons 15 minutes d’attente à l’écluse de Notre-Dame-de-la-Garenne
mais ensuite nous sommes le seul bateau dans l’écluse. Il n’y
a pas d’autre commerce derrière nous. En sortant, je m’arrête
au quai en rive droite pour le déjeuner.
En quittant le quai après le repas, le vent se lève doucement.
Comme tous les ans, je passe par le bras de Seine qui accueille les épaves,
toujours les mêmes, le long de la rive gauche de l’ile Emien. VNF
ne fait toujours rien pour les évacuer.
Nous sommes ensuite trématés par « l’Intrépide »,
une heure plus tard. A la Roche-Guyon, je réduis ma vitesse pour permettre à un
convoi de me trémater plus facilement. Vers 17h00 je croise le voilier
démâté d’un plaisancier allemand. Cela fait bien longtemps
que je n’ai plus vu de bateau de plaisance sur l’eau.
A l’écluse de Méricourt, je retrouve le convoi qui m’avait
trématé. Il y a une heure d’attente et nous passerons avec
lui. Un seul des deux sas fonctionne. Pendant la bassinée le commerce
laisse son moteur enclenché car il ne s’est pas amarré. J’ai
quelques difficultés à tenir Harriet, je suis derrière,
et en plus il pleut beaucoup.
En sortant de l’écluse, je prends la direction du port de l’Ilon
et quinze minutes plus tard je suis amarré au ponton des pompes à carburants.
Je ferais le complément demain matin, car il pleut toujours, pour que
mes réservoirs soient pleins pour l’hiver.
28 août :
La nuit a été calme, mais ce matin il pleut. Quand nous partons à 13h30,
il n’y pas de vent, mais à peine sommes-nous passés sous
le pont qu’un gros orage éclate et réduit drastiquement la
visibilité.
Vers 14h00, alors que je suis tout à fait à ma place, je suis trématé par
le « Yacht » qui passe à moins de 5 m de moi. Quand je me
plains par VHF, il me répond que si je ne suis pas content il va me serrer
et m’envoyer sur la berge.
J’ai rarement vu un « connard » pareil,
mais celui-là est hors concours. Je suis certain que pour lui les plaisanciers
devraient être interdits sur la Seine. Je vais voir demain, comment déposer
une plainte auprès de VNF.
Les heures s’égrènent entre alternances de soleil et de pluie
et à 17h15, je suis amarré à ma place habituelle à la
Nouvelle Marina Port-Saint-Louis.
Le vent et la pluie qui m’ont accompagné cet
après-midi m’ont finalement abandonné à mon arrivée.
Mais à la couleur des nuages, cela devrait être un répit
de courte durée. Effectivement, une heure plus tard un gros orage éclate.
29 août :
Ce matin après notre dernière nuit à bord je mets le chauffage
pendant une heure car il fait froid. Après le petit-déjeuner, je
prends la voiture (la Twingo) pour rejoindre mon domicile avec les premiers bagages.
J’en profite pour faire l’échange avec mon autre véhicule,
qui a un coffre plus grand. Je suis de retour au port une heure plus tard. Nous
avons de la chance car il ne pleut pas ce matin. C’est plus agréable
pour décharger le bateau. De toute façon, je reviendrai cette après-midi
pour vider le réfrigérateur et la glacière.
Bilan 2020 :
Cette année, j’ai constaté qu’il n’y avait pas
de bateaux fluviaux de croisières. Je pense que les règles qui
ont été imposées suite au Covid 19 les ont confinés
au port. Cet été on a parlé de canicule, c’est vrai
et il a fait très beau jusqu’au 15 août, même dans le
Cotentin. De plus la navigation en mer était très agréable
car celle-ci était rarement formée.
En Normandie, les anglais ne sont plus là, les hollandais sont omniprésents
et il y a peu de belges ou d’allemands. Quant aux français, ils sont
absents sur la Seine et seulement présents en voisins dans les ports de
la Manche. Peut-être la peur d’un nouveau confinement qui les aurait
bloqués loin de chez eux.
Dans toutes les villes ou je me suis arrêté, il y avait énormément
de monde, à tel point que je n’ai pas fait la différence
avec les années précédentes, à part peut-être
le port du masque rendu obligatoire dans certains secteurs des centres-villes.
Bilan consommation 2020, entre 1900 et 2000 trs/mn des TAMD 41A :
- le moteur bâbord est à 2719,7 heures
- le moteur tribord est à 2720,5 heures
Soit un total de 142 heures/moteurs depuis l’année dernière.
La consommation s’établie à 7 litres à l’heure
et par moteur (consommation totale de 1000 litres de gazole pour environ 950
km parcourus dont près de 400 en mer). La navigation s’est effectuée
sur deux moteurs après l’écluse de Poses Amfreville (aller
et retour), et sur un moteur sur la Seine non soumise à la marée.
Vigicrues station de Poissy
Wikimanche et le raz de Barfleur
Le Bistrot du port