Le Carpe Diem est parti le 26 mars 2011 pour de nouvelles aventures avec ses nouveaux propriétaires. Souhaitons leur bonne chance et de belles navigations pour longtemps encore.
Croisière 2011, premiers tours d’hélices dans l’eau salée pour Harriet jusqu’à Fécamp
01 août :
Pour cette croisière 2011 avec Harriet, nous ne sommes que trois cette
année. Mon neveu, habitué de nos croisières estivales, a
préféré vivre sa vie cette année, ce qui à son âge
est bien normal. Donc sur le bateau, nous ne sommes que mon épouse, ma
sœur et moi-même.
En partant vers 11h15 par un beau ciel bleu et une température plus qu’agréable,
nous faisons le plein à la pompe de la Marina. Le gazole est à 1,49 € et
j’en mets 185 litres. Ce complément me permet enfin de calculer
la consommation du bateau depuis Strasbourg.
Le propriétaire d’un bateau, arrêté au ponton visiteur,
m’apostrophe en me signifiant qu’il était en attente de faire
le plein et que je lui ai grillé la politesse. Comme j’avais prévenu
le port de l’heure de ma manœuvre, je ne tiens pas compte de ses griefs à mon
encontre. Le plein étant fait, nous prenons la direction du port de l’Ilon.
J’ai prévu de m’arrêter au port de Verneuil-sur-Seine
pour boire une coupe avec Fernand. Nous y arrivons à 12h15 et nous amarrons
avec son aide.
Après un repas rapide, nous repartons vers 15h00. Il fait chaud (32°),
le ciel est bleu et il n’y a pas de vent. Nous sommes amarrés au
port de l’Ilon à 18h00 à côté de la pompe à gazole
(1,51€ le litre). Nous discutons aimablement avec un résident obligé de
s’amarrer au ponton visiteur à côté de nous. En effet
le bateau du matin qui m’avait apostrophé à la pompe à Port Saint-Louis,
nous a trématé pendant le repas et a pris sa place. Comme quoi,
il y en a certains qui cumulent.
02 août :
Le ciel est nuageux et la température douce (21°C à 08h00).
Nous partons peu après 09h00 et sortons de l’écluse de
Méricourt vers 09h40.
Nous nous arrêtons juste avant l’écluse de Notre-Dame-de-la-Garenne,
en rive droite au PK 161, pour le déjeuner, il est 13h15. Nous n’avons
croisé que deux plaisanciers anglais depuis notre départ.
Après déjeuner, nous éprouvons quelques difficultés à sortir
de l’écluse. Nous sommes pris en otage jusqu’à l’ouverture
des portes qui résistent un bon moment avant de nous libérer.
Il serait temps que VNF prenne véritablement en compte les besoins de
maintenance préventive, souvent demandés par ses agents mais
rarement suivis d’effets.
Nous sommes amarrés au quai face à l’île Gribouillard
au PK 200,5 en rive gauche. Il est 18h00. Ils ont coupé le saule-pleureur
qui nous faisait de l’ombre là où j’avais l’habitude
de m’arrêter.
03 août :
Ce matin ciel gris et il bruine (18,5° à 08h00). Nous sortons de
l’écluse de Poses vers 09h15 après une attente de près
de 30 minutes. Je navigue sur un moteur et nous marchons à 14 km/h à 2100
trs/mn. Nous passons Oissel à 11h20 au Pk 230.
La péniche pour le ravitaillement en carburants est en amont de l’île
Lacroix en rive droite. Le numéro de téléphone est : 02
35 23 70 37. A 12h15 nous sommes amarrés à la halte fluviale
de Rouen où nous retrouvons le sympathique responsable qui officie depuis
de nombreuses années.
Une heure avant notre arrivée, j’ai perçu un bruit sur l’arbre bâbord. Probablement l’anode mais il va falloir sortir le bateau pour en avoir la confirmation. Je prends contact avec le port Saint-Gervais qui a la possibilité de sortir des bateaux de 50 tonnes avec leur travel-lift. Je ne veux pas faire la descente depuis Rouen et m’aventurer en mer sans savoir quel est le problème, par raison de sécurité.
Les ennuis, c’est pour demain car pour ce soir, c’est le restaurant « Le
Rouennais » qui va nous accueillir. Après notre repas gastronomique, « dodo ».
Quelques informations sur la richesse culturelle de Rouen :
« Rouen n’est pas seulement la Ville aux cent clochers. Si son patrimoine est important, son histoire est aussi riche et passionnante. Une vie à découvrir lors d’une promenade dans les jardins et les parcs, lors d’une visite dans les musées rouennais ou au rythme des animations festives et commerciales ».
04 août :
Ciel gris mais pas de vent (19,3°C à 08h00). La renverse de courant
a lieu à 07h30, sens amont vers aval.
La météo annonce de la pluie. Nous mettons 40 minutes pour rallier la darse de St. Gervais à petite
allure. Nous sommes attendus et on nous fait pénétrer directement
sous le travel-lift.
Pendant la sortie du bateau après signature des différents documents
administratifs (assurance), grâce aux moyens de levage, on me confirme
le poids de Harriet, à savoir entre 15 et 16 tonnes.
Pour la première fois de ma vie, j’assiste à un calage à terre à l’aide
d’un niveau à bulle. La précision, la qualité de
l’accueil et du travail méritent d’être mentionnés
ici.
A Rouen, vous avez la possibilité de mettre votre bateau à terre
pour travaux ou carénage à un prix sans commune mesure avec les
tarifs pratiqués par Détroit Marine en région parisienne
(Vaux-sur-Seine). La société qui officie est en fait une coopérative, « la
coopérative maritime du service de Lamanage des ports de Rouen et de
Dieppe ».
Pour revenir à mon problème, en fait il s’agit du coupe-orin
bâbord qu’il est nécessaire de changer à cause de
l’usure de la rondelle entre partie fixe et partie mobile. Le bruit entendu était
le frottement du métal contre métal. A tribord, la partie fixe
a déjà été démontée. Je fais la même
chose sur la partie bâbord après la prise de conseils auprès
des professionnels de la région. Ils ne sont pas disponibles pour venir
voir mais ne sont pas avares de renseignements et de conseils. De toute façon,
ils n’ont pas la pièce de disponible.
Nous passons la nuit sur un ber, expérience particulière qui a malgré tout son charme. Nous montons à bord à l’aide d’un escabeau. Au final, la facture s’élèvera à 525 euros pour une sortie/remise à l’eau, assurance et calage à terre. L’assurance obligatoire, pour un montant de 200 000 euros pour Harriet, s’élève à 120 euros hors taxes. A titre de comparaison, Détroit Marine m’a facturé la sortie d’eau du Carpe Diem (en mars de cette année), 12 tonnes au moment de la vente, à 1000 euros dont 52 euros pour le Karcher.
05 août :
Ce matin il pleut... beaucoup. La température est malgré tout
agréable. Il est prévu de remettre le bateau à l’eau
entre 08h00 et 10h00. En fin d’après-midi, hier, j’ai vu
avec le port de plaisance pour avoir une place. Après la remise à l’eau,
je procède à quelques tests, mais le bruit a totalement disparu.
Le temps s’étant amélioré en fin de matinée,
je fais quelques lancés de cuillère avec la canne à pêche.
Un mulet d’environ 2 kg, « curieux », se laisse prendre.
J’en fais cadeau aux occupants d’un petit bateau de plaisance amarré de
l’autre côté du ponton où nous sommes.
Nous faisons quelques courses l’après-midi. Il est à noter
que dans le bassin Saint-Gervais, cargos de haute mer et petits bateaux de
plaisance cohabitent sans aucun souci en termes de sécurité.
Pourquoi une cohabitation péniches et bateaux de plaisance n’est-elle pas possible à la Marina Port Saint-Louis ? Probablement un problème « politique » plutôt qu’un problème de sécurité, ou peut-être un problème de « personnes ». Certains politiques ont décidé de rayer d’un trait de plume l’un des plus grands ports d’Ile de France, mais peut-être pour y installer « des copains » ?
La fin de la journée est consacrée à la préparation
de ma route pour Honfleur. Heure par heure en tenant compte du courant, de
la marée et de ma vitesse, je me positionne par rapport aux PK de la
carte sur le cahier de navigation sur lequel je prends toutes mes notes. Cela
me permet d’estimer mon heure d’arrivée à Honfleur et cela me permet aussi
d’écrire la prose que vous êtes en train de lire.
Quelques informations sur la tour du marégraphe :
- « c’est en réalité un château d’eau destiné à alimenter les grues hydrauliques placées le long du hangar qui doivent charger et décharger les navires à quai. En raison de la hauteur de la tour, elle a été dotée d’horloge et d’un cadran indiquant aux capitaines des navires soit l’heure, soit la hauteur d’eau dans le port en fonction de la marée. C’est de là que vient son nom de marégraphe ».
06 août :
Une ondée salue notre départ à 8h45. La température
est malgré tout agréable. Je règle la VHF sur le canal
73. La veille de ce canal est obligatoire pendant la descente dans la zone
maritime de la Seine. C’est aussi par ce canal que l’on communique
avec les bacs ou les cargos maritimes.
Je cale le régime moteur sur 2450 trs/mn pour un seul moteur. Mon objectif
est de diminuer la différence horaire entre les deux moteurs
A midi, nous n’avons vu aucun bateau depuis Rouen sauf un pilote de Seine
qui nous a trématés à Duclair au PK 278. Sa vitesse était
proche de 15 ou 16 nœuds et la nôtre de 9 nœuds. Nous passons
le pont de Brotonne à 12h45 au PK 308,2 en cohérence avec ma
feuille de route. A Caudebec, PK 309,5, nous croisons le Seine Princess amarré.
La renverse du courant intervient un peu plus tard que prévu vers 14h00
au PK 330. Nous sommes en avance sur la feuille de route.
Juste avant Quillebeuf-sur-Seine, nous avons un vent de face de 30 nœuds.
Un bateau parti de Rouen après nous est en train de nous rattraper.
Nous croisons le « Chemin Violet » à 14h15.
Notre vitesse est tombée à 5 nœuds. Vers 14h30, j’enclenche
le second moteur. J’ai à peu près une heure d’avance
sur ma feuille de route et je cale mon arrivée à l’écluse
d’Honfleur pour 17h00.
L’écluse est ouverte sens mer vers port aux heures rondes.
Au passage du pont de Tancarville la police fluviale m’intime l’ordre
de rester à droite à cause d’un gros porte-containers qui
se trouve dans le chenal. Après le passage sous le pont de Normandie,
comme nous sommes à pleine mer, les deux portes de l’écluse
sont ouvertes et nous passons sans aucun problème.
Le bateau qui nous a trématés a continué sur le Havre.
Nous attendons ensuite l’ouverture du pont du Vieux Bassin prévue à 17h30
pour aller nous amarrer face au musée de la Marine.
J’ai négocié cet emplacement par téléphone,
refusant d’être à couple, mon épouse ayant des difficultés
pour se déplacer.
Pas de soucis pour cette descente avec un ciel qui s’est amadoué pour
notre amarrage. Au total 08h20 entre Rouen et Honfleur pour 111 km soit 7,2
nœuds de moyenne. Connaissant ce parcours pour l’avoir déjà fait
trois fois avec le Carpe Diem, force m’est de constater que Harriet est
beaucoup plus rapide et surtout beaucoup plus stable.
07 août :
Il fait beau aujourd’hui. Michel, un ami, vient nous chercher à 11h30
pour aller passer la journée à Pont-Audemer. Après un
succulent repas, nous faisons une promenade digestive d’un très
vif intérêt qui nous fait découvrir la ville. Marie-Françoise, l’épouse de Michel,
se révèle être un guide de très grande culture, maitrisant à merveille l’histoire de sa ville.
« Pont-Audemer fait partie du département de l’Eure et de la région
Haute-Normandie. La ville compte, selon le dernier recensement INSEE, 8.965
pont-audemériens (en 2011). Aux détours des ruelles et impasses
moyenâgeuses, le promeneur découvrira des maisons à pans
de bois.
Comme le traduisent ses différents noms, Pont-Audemer est née
là où la traversée de la rivière était la
plus aisée.
Ce point remarquable où les éléments propices au dynamisme économique étaient
réunis (forêts, eau abondante, riches prairies) est devenu un
lieu de passage obligé d’échanges et d’installations artisanales.
Rapidement, son dynamisme économique lui a imposé d’organiser
sa protection : un château au XIème siècle, des fortifications
au XIIème siècle et une charte des communes au XIIIème
siècle.
Pour découvrir la suite, rendez-vous sur le site de la
ville de Pont-Audemer ».
En fin de journée, nous retournons à Honfleur pour vider la bouteille de champagne qui attend dans le réfrigérateur de Harriet. A peine arrivés à bord, un gros orage se déclenche et nous lave le bateau. Demain nous resterons au port car la météo prévoie des creux de 2m et un vent force 6 (avis de vent frais) à la limite de l’avis de grand-frais.
08 août :
Il a plu une partie de la nuit et cela ne s’est arrêté que
vers 09h00 du matin. Après, le soleil est enfin revenu. La météo
de demain étant beaucoup plus clémente, je prépare une
route pour Fécamp.
Nous consacrons la journée à faire des courses et des emplettes
de vacances, souvenirs, etc. Ceci étant dit, quelques informations sur
la ville de Honfleur qui mérite un arrêt :
« Honfleur (anciennement Honnefleu, origine viking du nom) est une ville que
les documents mentionnent dès le XIe siècle où elle figure
alors parmi les importantes bourgades du duché de Normandie.
Sa situation géographique privilégiée, de port d’estuaire
et de port de mer lui confère, en effet, de nombreux avantages et détermine
sa double vocation : la défense du fleuve royal et le départ
des grandes aventures sur la mer océane.
Ville fortifiée par Charles V au XIVe siècle, elle joue un rôle
défensif important contre les Anglais pendant la Guerre de Cent Ans
puis participe activement aux voyages de découverte entrepris aux XVIe
et XVIIe, dont la célèbre expédition de Samuel de Champlain,
en 1608, qui aboutit à la fondation de Québec… Les marins
honfleurais sont alors parmi les meilleurs du royaume et possèdent dans
leur confrérie la relation rarissime du fameux Marco Polo. Charles VII écrira,
par ailleurs, que Honfleur a le plus grand et le meilleur apport de navires
du Pays de Normandie.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le port intensifie son activité commerciale
vers le Canada, les Antilles, les côtes africaines et les Açores.
C’est un centre très actif de pilotes, d’armateurs, de négociants
et même de corsaires. Parmi eux, Pierre Berthelot (pilote major et cosmographe
du Roi du Portugal), devenu moine sous le nom de Denis de la Nativité et
Jean-François Doublet (officier de la Royale), corsaire et compagnon
du dunkerquois Jean Bart.
C’est au début du XIXe siècle que Honfleur devient un centre
artistique exceptionnel : Eugène Boudin, natif de Honfleur, réunit
autour de lui de nombreux artistes de renom, tels Dubourg, Monet, Jongkind,
Baudelaire... ».
Voilà pour la partie historique.
09 août :
Il a plu une partie de la nuit. Il fait frais ce matin mais le soleil brille.
La mer est peu agitée à la sortie de l’écluse à 08h50.
Mais une fois dans l’estuaire, le programme n’est plus en accord
avec les prévisions.
Des creux de 3 mètres et des rafales de vent à 7 nous obligent à nous
dérouter sur Le Havre. Je prends le chemin le plus court, la marée étant
haute. Les prévisions initiales étaient vent à force 4
et creux à 0,5m.
Aucun rapport avec ce que nous vivons jusqu’au port. A notre arrivée,
les vagues passent par-dessus la digue entre la plage et le port. Après
1h30 de traversée, nous nous amarrons avec l’aide de plaisanciers
présents, ce qui n’a pas été simple, le vent nous
créant des misères même à l’intérieur
du port.
Un mot sur le comportement de Harriet, c’était notre première
véritable sortie en mer ensemble. Le bateau est très sécurisant
par mer de travers et mer de face. Il ondule par mer arrière. Avec les
deux moteurs à 1800 trs/mn j’étais à près
de 7 nœuds. Vitesse maximum possible en rapport avec l’état
de la mer.
Nous consacrons le reste de la journée à une petite balade dans
la ville que nous connaissons bien depuis le temps. Quelques informations sur
Le Havre pour les personnes qui ne connaissent pas :
« Le Havre inscrit au Patrimoine mondial, fascine par sa beauté océane.
Elle conjugue les attraits d’une ville moderne et le dynamisme d’un grand port
européen, port de commerce et escale pour les croisières, Station
balnéaire, station nautique elle entretient une relation privilégiée
avec la mer. Sa plage aménagée et son Port de Plaisance sont
situés à proximité immédiate du centre de la ville.
Le Havre, Ville d’art et d’histoire, est le berceau de l’impressionnisme. Le
Musée Malraux, largement ouvert sur la mer, abrite la 1ère collection
impressionniste de France après Paris. D’autres musées exceptionnels,
nouveaux ou récemment rénovés, témoignent aussi
de sa richesse culturelle ».
10 août :
La mer est peu agitée, creux de 1m et vent force 3. Nous partons à 09h30
pour Fécamp et mettons 1h30 pour passer Antifer. Le ciel est bleu et
la température est douce. En passant le cap, les creux augmentent, environ
2 mètres.
Nous sommes pris par un courant portant avant le cap et ensuite par un courant
contraire jusqu’à Fécamp. J’avais envisagé de
m’approcher des falaises d’Etretat pour faire des photos. A la
vue de l’état de la mer, j’y ai renoncé à mon
grand regret. Nous verrons l’année prochaine si je reviens.
Nous sommes amarrés au ponton visiteurs à 13h15 après
avoir été un peu chahuté avec un vent de force 4. Quelques
informations sur Fécamp glanées à l’office de tourisme :
« située sur la Côte d’Albâtre, Fécamp séduit
par son authenticité. Ville d’Art et d’Histoire, vous êtes invités
le temps d’un séjour à découvrir son riche passé ducal
et maritime. L’abbatiale de la Sainte-Trinité, le palais des ducs de
Normandie et les riches collections du musée des Terre-neuvas sont les
témoins de sa prestigieuse histoire.
Attiré par le parfum des plantes et des épices qui composent
la célèbre liqueur, vous visiterez l’impressionnant Palais Bénédictine,
haut lieu du tourisme industriel ».
La mer a beaucoup forci dans l’après-midi, mais le soleil brille et nous en profitons pour aller visiter le Palais Bénédictine, lieu de fabrique de la spécialité de Fécamp. Il y a une dégustation à la sortie et c’est bien agréable de profiter des plaisirs de la vie pendant les vacances.
11 août :
Le ciel est gris, il y a beaucoup de vent, entre 4 et 6, et la mer est forte.
Pas de problème pour nous car nous restons au port. Le programme de
la journée est orienté courses et ballades.
Le soleil daigne enfin se lever vers midi. Lui aussi est en vacances et fait
la grâce matinée. Nous profitons du temps maussade, pluie et vent,
pour visiter le musée des « Terre-neuvas et de la Pêche ».
Ce musée mérite vraiment une visite pour la qualité des
maquettes qu’il présente, ainsi que pour tout le reste de ses
collections. Demain nous devrions refaire le trajet pour Le Havre si la météo
s’améliore. Le soir, je vérifie à la capitainerie
la météo du vendredi ainsi que les infos sur Internet. Tout devrait
aller pour le mieux.
12 août :
Le ciel est gris, il a plu toute la nuit et il bruine encore. Heureusement
la température est douce. Tout est prêt pour notre départ
et j’en profite pour compléter mon plein à la pompe. Le
gazole est à 1,37€ le litre et j’en rajoute 250 litres.
Nous quittons le port à 11h15. L’état de la mer est différent
des prévisions. En effet la météo indiquait vent force
4 et creux entre 0,7m et 1,2m. Quelque chose de normal en Manche. La réalité est
tout autre. A Antifer, les creux étaient plutôt à 2,5m
et parfois 3m. J’ai mouillé mon drapeau Normand à l’avant à deux
reprises. Le vent était à 5. Enfin nous sommes arrivés
au Havre à 14h45, soit 3h30 pour faire le trajet (moyenne de 7,5 nœuds).
Ceci étant dit, aucun souci pour la traversée, le bateau est
conçu pour.
Comme j’écrivais, aucun souci pour la traversée, mais « un
problème à l’arrivée ». En entrant dans le
port, j’avise une place libre au ponton visiteurs et un anglais me prête
la main pour l’amarrage. Où est le problème me direz-vous ?
Un Hollandais se présente avec son bateau peu de temps après
et m’indique que je lui ai pris sa place. Il m’explique qu’il
est allé faire le plein à la pompe au fond du port.
Comme on dit : « qui va à la chasse perd sa place » et je fais la sourde oreille. Il est revenu me voir après son amarrage, les places ne manquaient pas, pour que nous changions d’emplacement après le déjeuner sous prétexte qu’il avait payé pour cette place-là. Je l’ai envoyé balader (se faire foutre en restant poli) et je pense que je me suis fait un ennemi de plus, mais c’est la vie. Il va sans dire que ces échanges se sont faits en langue anglaise et que mon Hollandais a eu beaucoup de difficultés à se faire comprendre, surtout que je faisais celui qui était sourd.
Nous consacrons la journée à faire des courses et des emplettes Dans l’après-midi, j’ai passé un coup de jet d’eau pour dessaler le bateau. En fin de journée, j’ai eu la visite des gendarmes en ballade, pardon en mission. Le soir, la météo particulière de cette journée nous a donné une lumière exceptionnelle.
13 août :
Le ciel est gris, il fait 21°C et il brouillasse. Les Hollandais repartent
chez eux, bon débarras. Le vent est à 4 et la marée haute à 11h34.
Rien de particulier pour cette journée consacrée au farniente
et à une ballade en ville. Le retour sur Rouen est prévu pour
demain si la météo est confirmée.
14 août :
Le réveil sonne à 4h45 car je veux quitter Le Havre avant la
marée basse. Il a plu toute la nuit mais cela s’est calmé et
la température est douce. Nous quittons notre amarrage à 5h30
comme prévu. J’aime cette navigation de nuit ou les bruits sont étouffés
et où le vent est généralement discret. Je suis sous pilote
et cela ne pose aucun problème, la mer étant assez calme.
Je quitte le chenal du Havre à la bouée LH12 pour rejoindre le
chenal de Seine en passant par la Cardinale des dépôts d’explosifs.
Comme on dit, j’écoute les petits oiseaux, confiant dans la technologie
du bateau, quand tout à coup celui-ci fait un virement de bord de 90° comme
pour retourner au Havre. Etant à côté du pilote je me remets
immédiatement en manuel et corrige pour revenir sur ma route initiale.
Une grosse interrogation se présente à moi : où est le problème ? le pilote ? ...
En fait le problème n’est pas technologique mais maritime.
Sur le plateau, à marée basse il y a quelque fois des vagues
plus fortes que les autres qui se forment justement en arrivant sur les hauts
fonds. Une vague de ce genre a fait pivoter mon bateau, telle une main géante,
en quelques secondes.
Le pilote, vérifié après, ne présente aucun problème.
Mon épouse a juste pensé que je faisais demi-tour suite à des
conditions météo défavorables.
Nous atteignons le chenal de Rouen vers 6h30 et croisons un voilier venant de
Honfleur qui fait route au moteur. Il ne pleut pas mais le ciel est gris et le
flot tarde à venir. Nous croisons le chenal de l’écluse de
Honfleur à 08h00. Nous passons sous le pont de Normandie sans voir le
lever de soleil habituel, le ciel est tout gris. Je remarque sur le radar un
cargo, « le Daniel Laval », qui nous rattrape. En fait, ce n’est
pas un cargo mais la drague en plein travail.
Il devrait nous rattraper avant le pont de Tancarville, mais à vive allure
il nous trémate juste après le pont de Normandie. Nous le rattrapons
devant Tancarville ou il est en train d’effectuer un demi-tour. Je prends
contact avec lui par VHF pour connaître ses intentions et il me confirme
que je peux passer derrière lui.
Après Tancarville un bateau d’un tonnage supérieur, « le
Marie O » nous rattrape à son tour et nous trémate par
la droite après un échange par VHF, il est 09h20.
A Villequier, une petite pluie nous tient compagnie quelque temps. Un deuxième
cargo nous trémate à son tour vers 10h30 et enfin un troisième
et dernier cargo « le Riga » en fait de même. Nous naviguons à 10
nœuds et eux à 15. Ceci explique cela. Il continue de pleuvoir
par intermittence.
Heureusement je suis bien protégé par le taud. Nous arrivons
au bassin Saint Gervais à 14h30 au PK 245. Nous avons parcouru entre
Honfleur et Rouen, 111 km en 06h30 soit une moyenne de plus de 9 nœuds.
Par chance, le vent est tombé, ce qui a facilité notre amarrage
car il n’y a personne pour nous aider à notre arrivée.
15 août :
Nous ne naviguons pas aujourd’hui et le temps est enfin estival. Le soleil
revient. Nous partons, ma sœur et moi, pour faire quelques courses, mais
le seul commerçant ouvert est la boulangerie Paul aux Docks 76.
Après déjeuner, j’en profite pour faire un brin de toilette
au bateau. Je sors donc le karcher pour nettoyer toutes les toiles. Tout se
passe bien jusqu’au moment où je m’aperçois que la
toile arrière du taud a disparue ... sous les eaux, soit par 7 m de
fond.
Un coup de vent malheureux et un mauvais positionnement de ma part sur le balcon
pour le séchage au soleil. Après réflexion, je sors le
grappin de l’annexe et l’accroche à un bout. Au second lancé, « bingo »,
je croche ma toile et peux ainsi la récupérer. Juste un petit
rinçage à faire à cause de la vase. Ouf !
16 août :
Il fait toujours beau, le soleil est revenu. Nous faisons les courses le matin à l’Intermarché puis
nous levons l’ancre vers 13h30 pour Amfreville pour bénéficier
du courant portant de la marée montante. L’étape du soir
est prévue au quai face à l’île Gribouillard. Il
y a beaucoup de vent pour notre départ et il fait chaud.
Nous croisons un voilier anglais pendant notre remontée vers 14h00.
En passant à Oissel, j’avise en rive gauche le ponton flottant
d’une quarantaine de mètre ou il doit être possible de s’arrêter.
Nous passons Saint-Aubin à 15h30. Nous sommes trématés
par un pousseur, « le Richelieu ». Il a mis 20 minutes car nos
vitesses étaient très proches.
Nous attendons 1h30 pour passer l’écluse après des ordres
contradictoires du type : « vous passez avec tel bateau » puis
NON, « vous passez avec tel autre bateau ». Nous finissons par
passer avec le « Win Star » qui va se révéler être
un enfoiré de première. Ce bateau ne s’est pas amarré et
a utilisé ses moteurs en mettant les gaz à fond, pour se maintenir
sans se soucier de moi. A la vue de l’embouteillage, l’éclusier
a ouvert les vannes en grand.
Mais juste derrière, j’ai eu un mal fou à maintenir le
bateau. J’ai même failli me faire écraser deux doigts par
la pression des amarres.
Malgré mes deux amarres, avant et arrière, par deux fois le bateau
s’est retrouvé en travers. La règle est que tous les bateaux
s’amarrent. Cette règle n’a pas été respectée
et quand j’ai expliqué à l’éclusier que sa
responsabilité était engagée en cas d’accident,
il m’a donné l’impression de n’avoir rien compris
au problème que je lui exposais.
VNF, si vous me lisez, je pense que vous avez une marge de progrès importante.
Surtout, n’oubliez pas que dans un cas comme celui-ci, vous êtes
entièrement responsable du fait que les règles les plus élémentaires
de sécurité n’ont pas été respectées.
A méditer en espérant qu’il n’y aura jamais mort
d’homme.
Ceci étant dit, il fait toujours aussi chaud et nous somme amarrés à 18h45.
17 août :
Après une nuit tranquille et un réveil orchestré par les
cygnes qui sont venus chercher du pain nous partons vers l’Ilon. Le ciel
est nuageux, mais il n’y a pas de vent et la température est agréable.
Nous croisons le « Viking Spirit » vers 09h00 puis quatre plaisanciers
juste avant l’écluse de Notre-Dame-de-la-Garenne. Ce sont les
premiers que nous voyons depuis Rouen. Je reconnais ces bateaux sous pavillon
anglais pour les avoir vus à Honfleur au début des vacances.
Ils ont dû faire une escapade jusqu’à Paris et sont sur
le chemin du retour.
A l’écluse de Notre Dame-de-la-Garenne, l’éclusière
n’attend pas que nous soyons amarrés pour lancer le sassement. Enfin,
c’est plus cool que la veille. Nous nous arrêtons juste à la
sortie de l’écluse en rive droite pour le déjeuner.
Nous repartons derrière le « Sniper » que je suis jusqu’à Méricourt.
Nous passons l’écluse sans soucis. J’ai mis un bout à l’avant
et j’ai mis en prise un des moteurs pour coller le bateau contre le bajoyer.
A 17h45 nous sommes amarrés à l’Ilon face aux pompes à carburants
au « quai visiteurs ». Il fait toujours aussi chaud.
18 août :
Il fait déjà chaud ce matin, mais le ciel est nuageux avec une
petite brise agréable. A 09h00, je fais le plein de gazole car je veux
avoir les réservoirs pleins pour l’hiver et ainsi limiter la condensation.
(405 litres de consommé depuis Fécamp). Une demi-heure plus tard,
nous quittons le port.
Vers 10h30, nous croisons un bateau qui ressemble au Carpe Diem, mais qui n’est
pas le Carpe Diem. En tout cas, nous sommes amarrés à Port Saint-Louis à 13h30.
19 août :
Ce matin nous faisons les bagages pour quitter le bord. Il
fait beau et doux et il est difficile de descendre à terre, mais c’est
la vie car les vacances sont terminées.
A l’arrivée, l’horamètre des moteurs indique :
- Moteur Bâbord : 2164
- Moteur Tribord : 2207
J’ai rattrapé 20h00 sur l’écart de fonctionnement
entre le moteur bâbord et le moteur tribord. Au total j’ai eu 94
heures aux moteurs pour ces vacances 2011, pour une consommation d’environ
700 litres soit une moyenne de 7,3 litres à l’heure à 2400
trs/mn.
Le bilan de cette navigation porte surtout sur le comportement humain et est
le suivant :
- certains français, heureusement pas tous, sur un bateau à moteur
se croient tout permis,
- les voileux hollandais sont vraiment détestables, heureusement pas
tous, quand ils viennent en France. Ils restent entre eux et surtout, tout
semble leur être dû,
- les bateaux de commerce sur la Seine ne respectent pas la réglementation
stipulant un amarrage obligatoire dans les écluses, heureusement pas
tous, la majorité étant des mariniers sympas. Les éclusiers
censés faire respecter la loi sont complices, pas tous heureusement,
la majorité est plutôt sympa.
Fin de ce bilan qui constate un égoïsme en hausse dans les agissements
de la race humaine pour 2011.
Lamanage des ports de Rouen et de Dieppe
Site de la ville de Pont-Audemer
Le Palais Bénédictine
Le musée des Terre-Neuvas et de la pêche