Croisière 2004 sur la côte fleurie en Normandie (jusqu’à Dives-sur-Mer)
04 Août :
Nous partons vers 09h00, ma sœur, mon neveu Laurent et mon épouse.
Cette année, nous retournons en eau salée en espérant que
le temps sera avec nous. J’espère être au port de plaisance
de Venables ce soir. Il fait beau et il n’y a pas de vent. C’est
parfait pour ce début de vacances. Nous arrivons en vue de l’écluse
de Méricourt pour le déjeuner vers 12h30.
Après le repas nous passons l’écluse. Le soleil brille toujours.
La Seine défile lentement sous mon étrave. Le voyage est agréable,
agrémenté du croisement de quelques péniches qui travaillent.
Le ciel devient gris. En passant devant les Andelys, j’aperçois
beaucoup de bateaux de plaisance amarrés un peu partout. De belles unités
qui ne peuvent pas entrer dans le port de plaisance car il n’y a pas suffisamment
d’eau. Seulement 90 centimètres à l’entrée.
Nous voici enfin en vue du port de Venables. C’est la première fois
que je viens. L’accueil est chaleureux et on nous aide à accoster.
Il y a l’eau et l’électricité, mais pas les douches.
Nous sommes au calme et c’est le principal, juste avec le chant des oiseaux
comme fond sonore.
05 Août :
Après une bonne nuit, nous partons pour Rouen par un ciel gris sous
un soleil voilé. Heureusement, il ne pleut pas. Nous sommes à une
bonne heure de navigation de l’écluse de Poses, la dernière
sur la Seine avant la mer. Nous avons de la chance car le courant sera avec
nous pour descendre à Rouen. Les bateaux aperçus hier soir nous
rattrapent et nous trématent. Qu’importe, je laisse ma vitesse à 6
nœuds à 1800 tr/mn. En vue de l’écluse, j’appelle
par la VHF, on nous informe qu’il y a 30 minutes d’attente.
Nous faisons des ronds dans l’eau en attendant l’ouverture des portes.
Nous ne serons pas seul à écluser.
En effet, ce ne sont pas moins de 15 bateaux sous pavillon Anglais qui profitent de la bassinée. Résultat,
parti avant 09h00 nous ne sortons de l’écluse que deux heures
et demie plus tard, ayant perdu beaucoup de temps à l’enregistrement
des bateaux par l’écluse.
Le courant est avec nous et en moins de trois heures nous sommes amarrés
au ponton de la halte de Rouen. Parmi la flottille rencontrée le matin,
certains sont déjà arrivés, et beaucoup d’autres
font la queue pour prendre du carburant à la péniche de ravitaillement
avant le pont en amont de l’île Lacroix. En me voyant accoster,
un Anglais, sans doute le responsable du groupe, m’annonce que je ne
peux pas m’amarrer ici car il attend beaucoup d’autres bateaux.
Faisant mine de ne rien comprendre, je termine ma manœuvre. Voyant que
la communication ne passait pas, mon Anglais leva les bras au ciel et s’en
alla. J’appris plus tard par le responsable de la halte, que c’était
un groupe d’une trentaine de bateaux qui avait fait un voyage sur Paris
et qui maintenant repartait sur l’Angleterre.
Un plaisancier du groupe viendra se mettre à couple un peu plus tard.
Connaissant cette information, je décidai pour le lendemain de m’arrêter à Honfleur
et non au Havre, car le groupe allait sûrement occuper toutes les places
visiteurs disponibles.
06 Août :
Le temps est gris, mais la météo prévue à notre
arrivée en baie de Seine est sans problème. Beaucoup des bateaux
Anglais sont déjà partis. Nous croisons notre premier navire
de haute mer, « le RUICHANGAI » à la Bouille vers 09h30.
Nous marchons bien, le courant est avec nous.
En vue du pont de Brotonne, le vent se lève. Le « LADY WADA » nous trémate juste avant la renverse du courant au PK 319. Il est 13h30. On se traîne. Le courant s’inverse de nouveau au PK 339. Nous avons fait seulement 20 kilomètres en un peu plus de trois heures. Nous croisons beaucoup de cargos et de porte-containers, ainsi que quelques péniches.
J’arrive enfin devant l’écluse du port d’Honfleur,
mais pour seulement 5 minutes de retard, je suis obligé d’attendre
la réouverture des portes en faisant des ronds dans l’eau et surtout
en faisant bien attention à ne pas me laisser entrainer par le courant
assez fort maintenant. Nous passons enfin l’écluse et dans la
foulée le pont qui donne accès au vieux bassin. Que de monde,
il n’est pas question de louper la manœuvre. Le placier du port
m’indique ma position, septième à couple au ponton visiteur.
Le propriétaire du voilier Hollandais qui me voit me présenter
contre son bord semble inquiet. Il a de quoi, je suis plus long que lui et
surtout beaucoup plus lourd. Tout se passe bien et je peux enfin couper le
moteur après 11h30 de navigation non-stop.
J’en profite pour discuter avec le placier du port pour avoir une meilleure place, sachant que j’allais
rester plusieurs jours. A l’écoute de mes arguments, pas d’accès à l’eau
ou à l’électricité, celui-ci me consent une ristourne
et m’indique que le lendemain en fin d’après-midi, je pourrai
prendre une place en catway, face au musée de la Marine.
C’est fou le monde qu’il y a sur les quais. Le ciel est maintenant
bleu avec une température très agréable et c’est
l’heure de l’apéro.
07 et 08 Août :
Nous restons à Honfleur pour visiter la ville. C’est la première
fois que je viens. Il fait beau, pas de vent et la mer est calme en baie de Seine.
Dès huit heures le matin, je suis obligé de mettre en marche le
moteur pour permettre à des bateaux de partir. Adieu la grâce matinée.
Je me retrouve en cinquième position.
C’est jour de marché et il est très difficile pour mon épouse de rejoindre le ponton. Il faut enjamber les filières des voiliers et c’est haut. Enfin vers 16h30, la place tant convoitée se libère. Dix minutes plus tard je suis amarré face au musée.
Le vent se lève en fin de soirée et je suis obligé d’aider un voilier Hollandais qui arrive pour se mettre à côté de moi. La place de l’autre côté du catway vient juste de se libérer. C’est mon annexe qui sert de pare battage. Le deuxième essai est le bon. A peine ai-je le temps de bloquer une amarre au taquet du ponton, qu’un jeune garçon me tend une bière bien fraîche. Merci l’ami.
Le soir, nous allons au restaurant et à notre retour, notre ami Hollandais, enfin sa femme est Hollandaise, lui est Australien, ainsi qu’un couple d’Allemands amis, qui voyage avec eux, nous invitent à partager les boissons locales à bord. A mon tour je partage le « genièvre » rapporté par ma sœur. La soirée se termine fort tard après des discussions en français et en anglais. Je suis réconcilié avec les « voileux » Hollandais. Mais sont-ils Hollandais ?
Le lendemain matin, il fait beau et nous nous levons assez tard. Dans l’après-midi, la visite inattendue d’un cousin avec ses amis nous sort d’une torpeur où nous a enfermés la chaleur. Espérons que demain le temps sera aussi clément pour notre traversée vers le port du Havre.
09 Août :
Le temps est gris, il y a du vent et la pluie menace. Rien à voir avec
hier. Nous prenons le pont de 11h30 en direction de l’écluse.
Nous sortons rapidement et mettons le cap sur le Havre que l’on devine à peine
de l’autre côté. La mer n’est pas trop agitée,
un mètre de creux, et il commence à pleuvoir. On a même
du mal à distinguer les bouées.
Avec le GPS et la route que j’ai tracée la veille, aucune inquiétude à avoir.
La traversée s’effectue tranquillement et nous pouvons nous amarrer
vers 14h00 au ponton visiteurs. Je commence à avoir faim. Nous passerons
la journée de demain à nous promener dans le Havre et à faire
le ravitaillement.
10 Août :
Ce matin, le temps se met au beau, le soleil est chaud, 27°. Pas de problème
particulier pour faire le ravitaillement, tous les commerces sont proches du
port de plaisance. Avec mon neveu, nous nous promenons pendant une heure dans
le port sur l’annexe.
C’est amusant avec les vagues qui arrivent dans le chenal et nous allons
même jusque sur la plage située à droite en sortant. En
fin de soirée un violent orage éclate. Espérons que demain
la mer sera calme pour aller à Ouistreham.
11 Août :
Les prévisions météo indiquent un temps ensoleillé avec
un vent force 3 et quelques bourrasques. Houle entre 0,7 et 1 mètre. Mer
calme en quelque sorte pour la région. Le départ est prévu
après déjeuner pour arriver avec la marée montante aux alentours
de 18h00.
En discutant avec un skipper qui vient de convoyer un catamaran à moteur depuis La Rochelle, je fais le deal du siècle. En effet, par précaution je voulais remettre environ 60 à 80 litres de gasoil dans le réservoir. Le skipper me propose de me vendre sa réserve de sécurité dont il n’a plus besoin pour la modique somme de 20 €. Pour 60 litres de gazole, cela me fait le litre à 33 centimes d’euro. J’accepte avec empressement. Il m’en coûtera en plus une bière bien fraîche toujours disponible à bord.
Nous partons donc vers 14h30 par une mer que je qualifierais d’huile. Moins
de cinquante centimètres de creux. La mer est si calme que tout le monde
est autorisé à sortir sur le pont pendant la traversée pour
profiter du paysage et de l’air marin. J’appelle donc le port de
Ouistreham pour m’enquérir de la meilleure heure d’arrivée
pour l’écluse. On m’annonce alors que vu les restrictions
d’eau en ce moment, l’écluse ne sera ouverte que vers 19h30.
Cinq heures pour faire Le Havre Ouistreham, cela fait beaucoup. Je décide
donc de changer mon port d’arrivée et appelle Dives-sur-Mer.
On m’indique qu’il y aura assez d’eau pour moi dans le chenal
vers 18h00. Je réduits donc fortement la vitesse, moins de 4 nœuds
pour être au rendez-vous. En face de la plage de Houlgate, j’entends
un appel sur le canal 16 pour une panne électrique totale sur un voilier.
Je suis loin et c’est la SNSM de Ouistreham qui s’en charge.
A l’heure dite nous accostons au ponton visiteur de port Guillaume. Attention, le chenal est étroit et il ne faut pas s’écarter des bouées car il n’y a pas beaucoup d’eau. Nous comptons passer la journée de demain à visiter, c’est la première fois que nous venons, puis en fin d’après-midi, rejoindre le port de Ouistreham avec la marée montante.
12 Août :
Le lendemain au réveil, le bulletin météo est le suivant
: temps pluvieux, orage, soleil, orage. Avis de vent frais et mer forte. Ce
n’est pas aujourd’hui que nous partirons. Peut-être demain.
Nous profitons de notre journée pour découvrir la charmante station
balnéaire qu’est Dives-sur-Mer. En fin de journée, entre
deux orages, je m’offre une partie de pêche à marée
montante avec mon neveu depuis le mur du sas d’entrée dans le port.
Nous ne sommes pas les seuls. Résultat environ 60 sprats ou équilles,
peu importe le nom que l’on donne à ce beau petit poisson argenté très
vorace.
13 Août :
Au réveil je vais lire le bulletin météo à la capitainerie
et décide de passer une journée de plus à Dives. Le temps
s’améliore, mais la mer reste forte avec un avis de vent frais.
Ils ne se sont pas trompés car cela souffle fort et en plus un orage
arrive. Tant pis pour Ouistreham, mais dès que possible, nous ferons
route pour le Havre. Si la région manquait d’eau jusqu’à maintenant,
Dame nature se rattrape. Il nous reste la pêche l’après-midi
avec mon neveu et heureusement cela mord.
14 Août :
Je prends la météo. Houle à 1,3 mètre et vent d’ouest
force 6. Le temps est ensoleillé. Je décide donc de partir pour
le Havre. Dès que la porte de l’écluse s’ouvre, je
laisse passer les petits bateaux devant moi et prends le chenal à mon
tour.
Il faut savoir qu’à la sortie de Dives, il y a comme une « barre » à franchir
pour trouver une eau plus profonde et quand il y a du vent, la houle est plus
forte à cet endroit.
J’ai eu une montée d’adrénaline quand le bateau s’est
retrouvé à 45 degrés au passage de cette barre. Je pensais
que j’allais m’éclater dans la vague suivante, mais non, le
bateau a repris tranquillement une position normale de navigation. Tant que mon
cap a été Ouest, tout s’est bien passé car mer de
face.
Mais pour rejoindre le Havre, à un moment, il faut prendre une route au
Nord. Avec un vent d’ouest et des vagues qui en réalité étaient à plus
de deux mètres, toutes les sept à huit secondes, vous voyez le
problème, ça secoue. La mer de travers est celle que je déteste le plus
car elle couche le bateau et il est nécessaire d’accompagner pour
que le bateau se redresse. J’ai trouvé la parade en tirant des bords
le long de ma route directe pour minimiser la gîte du bateau. Mer ¾ arrière
puis mer de face.
En face du plateau des Ratelets, la mer a encore un peu forcie et mon neveu a
eu le mal de mer. Bonjour l’odeur dans le carré jusqu’au Havre.
Moi j’étais dehors et j’avais l’air marin. Il s’était
endormi à l’avant, et à son réveil, il a vu de l’eau
par le hublot à gauche puis de l’eau par le hublot à droite.
Il a cru que nous coulions.
Moi je pense que c’est le passage du méridien de Greenwich qui l’a
rendu malade. Enfin nous arrivons au Havre après trois heures de traversée
mouvementée, content d’être arrivés et de ne plus être
secoués.
15 Août :
Départ vers Rouen avec la marée montante à 06h00 du matin.
Le jour ne s’est pas encore levé, la mer est très calme.
Il y a seulement quarante centimètres de houle et un petit d’ouest.
Ma femme n’est pas très rassurée car il fait encore nuit.
Quelques gouttes d’eau me surprennent, ce n’était pas prévu au programme. Je rejoins le chenal de Seine pour voir le soleil se lever dans l’axe du pont de Normandie. C’est féerique. Il faut avoir assisté au lever du soleil en mer pour comprendre.
Je passe sous le pont de Normandie à 08h30 et doit m’écarter
du chenal car deux cargos font la course, de front, pour arriver premier à Tancarville.
La marée nous pousse bien car je mets moins d’une heure pour faire
Pont de Normandie, Pont de Tancarville. Le courant est d’environ quatre
nœuds.
Juste avant le pont, je suis à environ trois cents mètres derrière
un porte-containers. En regardant le sondeur, je commence à m’inquiéter.
En effet de douze mètres d’eau sous la quille, il vient de passer à trois
mètres, puis un mètre, puis … Zéro. Interloqué et
avec une forte montée d’adrénaline, je regarde devant moi
ne comprenant plus comment un navire de haute mer pouvait naviguer sur la terre.
En regardant par-dessus bord, je m’aperçois que ce sont les énormes
quantités de sable amenées par la marée montante qui leurrent
mon sondeur. Quelques minutes plus tard, le phénomène cesse.
Peu de bateaux rencontrés aujourd’hui. C’est normal car nous sommes
le 15 Août. Le courant reste porteur tout le long du trajet et vers 16h30,
nous étions amarrés à la halte de Rouen, bien plus calme
que lors de notre précédent passage.
16 Août :
Le temps est gris, il a plu toute la nuit. Nous partons vers Venables à 13h00
en profitant du courant. En arrivant à Poses, on m’annonce trente
minutes d’attente. Cela devient une habitude. A 17h30, nous sortons du
sas derrière un pousseur, le « CONCORDE » qui était
avec nous. Maintenant, je peux ranger le livre des marées. Plus de calcul à faire,
plus de routes à tracer. Nous sommes en rivière.
Nous arrivons au port vers 19h00 avec un fort vent de travers pour l’amarrage. Le plan
d’eau est superbe, mais quand il y a du vent, les manœuvres ne sont pas
aisées.
Avec l’aide des plaisanciers présents, tout se passe bien. En
plus, nous avons eu de la chance, car moins de quinze minutes après
notre arrivée, un violent orage a éclaté.
17 Août :
Ce matin, nous partons sous le soleil, mais cela ne dure pas car le ciel se
couvre rapidement. Nous faisons la halte du déjeuner à Vernon.
Aujourd’hui nous n’avons aucune attente aux écluses. Nous
sommes à l’Ilon à 16h00. Le temps s’est amélioré et
j’en profite pour aller faire un tour avec l’annexe, histoire
d’enlever le sel dans le circuit de refroidissement du moteur. Mon
neveu, qui m’accompagne, n’a rien contre, bien au contraire.
18 Août :
Il pleut à notre départ, mais le soleil revient rapidement. Le « RENOIR »,
bateau de croisières fluviales, nous trémate peu après
Mantes la Jolie. A 11h30, fin du voyage, nous sommes de nouveau amarrés à la
Marina Port Saint-Louis. Maintenant il ne reste plus qu’à faire
les bagages et à redevenir "Terrien".
Pendant ces quatorze jours, je suis resté environ 68 heures à la barre du Carpe Diem. Il est dommage que le beau temps ne nous ait pas accompagnés tout au long de la croisière. Mais c’est souvent ainsi malheureusement au mois d’Août.
La Normandie
La côte Fleurie